Indigestion – L’édito de Christophe Bonnefoy
Quand François de Rugy annonce son retrait de la vie politique nationale, on pense immanquablement à l’indigestion dont il a été victime. Enfin… dont il s’est rendu victime, surtout. Si lui-même affirmait à l’époque maladroitement qu’on lui instruisait un mauvais procès puisqu’il ne supportait pas les produits de la mer (comment pouvait-il donc alors engloutir un homard !!!), c’est principalement l’après-repas qui lui est resté sur l’estomac et le déferlement qui s’est abattu sur lui. Rappelons que l’ancien ministre de la Transition écologique s’était ainsi fait épingler, photos à l’appui, pour un repas composé entre autres de homard qu’on imaginait succulent et d’un champagne évidemment pas bas de gamme. Dévastateur, dans une République à qui certains reprochent d’avoir des relents de monarchie. Qui plus est, lorsque le pouvoir d’achat est – déjà en 2019 – l’une des préoccupations principales des Français. François de Rugy avait, aussi, été attaqué pour des travaux hors de prix engagés dans son logement de fonction au ministère. De quoi alimenter la machine à mettre en cause systématiquement la probité de tout ce qui ressemble de près ou de loin à une personnalité politique.
C’est bien là que le bât blesse, au-delà du cas personnel de François de Rugy. L’affaire qui l’a concerné est presque caricaturale. Et elle touche, à l’époque, un ministre. Mais depuis longtemps, la moindre parcelle de ce qui peut être considéré comme une forme de pouvoir est l’objet d’une suspicion presque systématique. Jusqu’aux maires de petites communes. Pour quelques hommes ou femmes politiques qui se déconnectent au fil du temps des réalités quotidiennes, des milliers d’autres sont quasiment en permanence les pieds dans la boue. Entendez par là, dans l’action concrète, de terrain. Pas autour d’un menu hors de prix.