Le combat des outsiders – L’édito de Patrice Chabanet
Sauf démenti des sondages Emmanuel Macron devrait arriver en tête du premier tour de la présidentielle. Derrière, la situation reste floue et maintient le suspense. Certains y croient encore et veulent déloger Marine Le Pen de sa position de finaliste. Dans les trois semaines qui nous séparent du scrutin, ils ou elles mettront toutes leurs forces dans la bataille. Jean-Luc Mélenchon n’est pas le dernier dans cet exercice de démonstration de force. En témoigne la manif organisée hier à Paris. Le leader de la France insoumise a dénoncé, entre autres, « les 22 lois touchant aux libertés ». Un terrain extrêmement glissant quand on se rappelle toutes ses prises de position en faveur de Poutine, avant l’invasion de l’Ukraine. Les leaders politiques, emportés par leur élan, oublient souvent qu’ils sont rattrapés par leur passé. Les toutes dernières semaines de campagne s’en chargeront.
Autre camp, autre défi. Valérie Pécresse voit sa cote s’éroder dangereusement. Le seul qui puisse l’aider à remonter la pente a un nom : Nicolas Sarkozy, devenu la référence incontournable à droite. Mais l’ancien président de la République, que l’on a vu au côté de Macron à Toulouse dans l’hommage aux victimes de Merah, reste obstinément mutique quant à ses intentions. Un silence interprété comme une absence de soutien. Cette interprétation à elle seule est tout un symbole, au point où l’on intègre déjà l’idée de défaite et de report de toutes les énergies sur les législatives.
Bien sûr, les outsiders ne s’avouent pas vaincus. Heureusement d’ailleurs. La démocratie ne peut vivre que par l’obstination de candidats convaincus jusqu’au bout qu’ils peuvent renverser la table. Rien n’est joué d’avance jusqu’à la dernière minute du vote. Les sondages n’auront jamais la valeur des bulletins glissés dans l’urne.