Saint-Dizier (52). Ces éoliennes qui brassent du vent pour rien

ENVIRONNEMENT. Plusieurs éoliennes de pompage d’eau ont été installées à divers points de Saint-Dizier, en 2011 et 2015. Elles devaient alimenter les bassins de rétention créés à l’époque. Depuis, elles sont à l’abandon et représentent un danger potentiel pour les habitants.

Avec leur ossature métallique et leurs petites pales, les éoliennes de pompage d’eau, installées à la zone de Référence, semblent surgir du temps passé. 

Elles ont été installées en 2011 et en 2015, à la demande de la municipalité, avec l’objectif d’alimenter les bassins de rétention conçus à l’époque afin de réduire les inondations malgré la bétonnisation de la zone. Elles devaient pomper l’eau du sous-sol et la rejeter dans ces bassins. Mais depuis, sans maintenance régulière, les poteaux rouillent et s’apparentent à des objets de décoration insolites, auxquels les Bragards ne font même pas attention.

Jean Lesieur se souvient bien des sept éoliennes qu’il a fournies à la commune. A la tête de la société Ecolab Energies, basée dans les Ardennes, il amène les deux premières machines en 2011. « C’est Eurovia Vinci qui était chargée de les installer. Il avait été décidé d’en mettre une près de l’usine Miko, zone de Trois-Fontaines, je ne sais pas pourquoi. Manque de chance, il n’y avait pas d’eau dans le puits, pas une goutte d’eau », raconte le gérant. La deuxième avait pris place près de l’ancien hôtel Formule 1 de Bettancourt-la-Ferrée, désormais centre d’accueil des demandeurs d’asile. « Elle a peu fonctionné avant de s’arrêter, faute d’entretien ». 

En 2015, on lui commande cinq autres éoliennes. Cette fois-ci, c’est l’entreprise de bâtiment Colas qui les installe dans la zone de Références, au long du parkway qui va de Miko aux Fuseaux. « Une machine a été vandalisée, il avait été demandé qu’elle soit déplacée ». Effectivement, une éolienne trône sur le rond-point de la rue des Clefmonts, sans tourner, donc sans activité déterminée.

Un potentiel danger

Face à cet état d’abandon, Jean Lesieur a contacté les services de la ville, l’an dernier. « Je n’avais jamais été sollicité pour celles de 2011 et 2015, or, elles nécessitent un entretien régulier. L’hiver, l’eau gèle et la tuyauterie éclate, il faut donc purger. Et les machines finissent par rouiller si on ne fait rien. J’ai donc alerté et proposé de me charger de la maintenance, on ne m’a jamais recontacté », déplore le gérant.

Si l’incompréhension demeure quant à leur utilisation, Jean Lesieur insiste sur leur potentiel de dangerosité. « Il y a un puits à côté des deux éoliennes datant de 2011. Mais les puits ne sont pas fermés. Imaginez qu’un gamin tombe dedans, il y a 4,50 m de profondeur. Dans l’un, il y a de l’eau, dans l’autre, il n’y en a pas, mais le résultat sera le même. Sans compter que la machine risque de tomber si les roulements à billes s’échappent ».

Outre cet aspect, l’installation des éoliennes de pompage d’eau représente également un coût pour le contribuable. « Il y a la machine, mais il faut aussi créer des digues, une dalle en béton, creuser des regards… », rappelle le dirigeant.

Contactée sur l’intérêt et le devenir de ces machines, la Ville n’a pas pu nous répondre. Ces sentinelles devraient continuer à être bousculées par le vent.

Marie-Hélène Degaugue

mh.degaugue@jhm.fr

Balade auprès des éoliennes

Dix éoliennes ont été répertoriées dans la zone de Référence. En venant des Frouchies et direction Trois-Fontaines-l’Abbaye, la première machine se trouve à droite, sous les lignes à haute tension. S’en suit une deuxième à gauche, dans un champ, après l’usine Miko, puis une autre à droite. Au croisement EDF, prendre le parkway, sept éoliennes sont situées sur cette route et la rue Neel. Profitez du sentier qui relie les bassins de rétention, aménagés avec quelques arbustes et plantes, pour découvrir ces drôles de machines à eau. Avec les cygnes et les mouettes qui y ont élu domicile, cette promenade est un bon moyen pour s’échapper du centre-ville.

On trouve également une éolienne sur le rond-point de la rue des Clefmonts et une autre chemin des Plaines.