Au son du canon – L’édito de Patrice Chabanet
Etrange débat présidentiel, le premier du genre, sur TF1. Chaque candidat est venu délivrer son message donnant à cette confrontation, qui n’en était pas une, un côté grand oral. C’était le seul moyen pour obtenir l’accord d’Emmanuel Macron qui n’entendait pas être la cible croisée de ses adversaires. Malgré des règles assez compliquées qui fixaient le temps de parole en fonction du poids politique des candidats, on a très vite compris que l’ombre de la guerre en Ukraine planait sur le rendez-vous présidentiel. Chacun a donc dû se résoudre à présenter, non pas un véritable programme, mais des propositions dans le dossier des retraites, du pouvoir d’achat et des impôts. Mais sans face-à-face, pas de véritable débat donc. Or l’intérêt d’une campagne est de savoir ce que les candidats ont dans le ventre, d’identifier leurs contradictions et de se projeter dans les cinq années à venir..
Jeudi, le chef de l’Etat prendra la parole lors d’une conférence de presse pour exposer son programme, une façon de contourner le débat d’hier soir. Avec un argument solide : priorité à la crise ukrainienne. Sa position a semblé d’ailleurs avoir inhibé ses adversaires. Les attaques étaient bien ciblées sans avoir la violence d’autres campagnes. On ne tire pas dans le dos de celui qui est le chef des armées. Pour le moment, si l’on en croit les sondages, sa stratégie est payante et lui ouvre un boulevard pour le premier tour. Pour autant, la vie politique française ne peut pas se réduire à un blitzkrieg électoral. La démocratie française est malade. Le système de représentation est de plus en plus contesté avec la marée montante de l’abstention et l’usure avancée des partis traditionnels. Tôt ou tard, quel que soit le vainqueur de la présidentielle il faudra prendre le problème à bras-le-corps. On ne combattra pas autrement la défiance et la désillusion des citoyens.