Truite : Ethan et Antoine, dans leur vallée du Rognon
C’était ce samedi 12 mars 2022 l’ouverture de la pêche à la truite. Parmi les 10 000 pêcheurs que compte la Haute-Marne, rencontre avec deux passionnés, Ethan et Antoine, pêcheurs aux leurres sur le Rognon du côté de Forcey.
En ce samedi d’ouverture, la température matinale s’est réchauffée quelque peu dans la haute vallée du Rognon. Les gelées nocturnes ont disparu, mais le temps sec de ces dernières semaines laisse une rivière plutôt basse et peu teintée.
Du Pont Minard à Forcey, jusqu’à la limite de La Crête, en passant par La Batterie, Les Picherots, la Tuilerie de Bourdons, ce sont des lieux pleins d’un charme sauvage, tout comme certains riverains sourcilleux.
Sur les parcours de pêche de La Saumonnée à Bourdons, Forcey ou Esnouveaux, les pêcheurs sont répartis le long des 11 km de rivière. Pas d’embouteillage : la distanciation sociale si nécessaire durant la pandémie est aussi une condition sine qua non pour la traque de la truite.
Les jeunes, le tiers des pêcheurs haut-marnais
Au lieu-dit La Batterie, à Forcey, deux jeunes originaires du village sont à l’oeuvre. Ethan Dupas-Brene et Antoine Horace, 15 ans tous les deux, sont passionnés par la pêche depuis déjà pas mal d’années. Ils font partie des quelques 35 % de pêcheurs haut-marnais de moins de 24 ans.
Pour les jeunes pêcheurs, l’AAPPMA La Saumonnée a mis en place un parcours dédié, bien signalé grâce aux pancartes fournies par la Fédération départementale de pêche. Ethan regrette toutefois le peu de dispositifs passe-clôtures mis en place pour franchir les nombreux barbelés délimitant les parcelles d’élevage au long de la rivière.
Bien dans leur époque, Ethan et Antoine pêchent aux leurres, des poissons nageurs, et peignent les eaux des fosses autant que des courants, dans cette rivière aux profils variés. « J’ai l’habitude de pêcher au crank. C’est un leurre qui permet d’avoir pas mal d’effets d’animations différents selon la façon dont on pêche » confie Ethan.
Les premières prises ne se font pas attendre. Dès les 9 h du matin, les deux compères affichent 11 truites au compteur. Des farios ou des arc-en-ciel d’alevinage, que Nathan et Antoine remettent systématiquement à l’eau. Les seules prises qu’ils conservent parfois sont celles qui sont par malheur trop abîmées pour avoir quelques chances de survie.
Au contact de la nature
Dans le Rognon, des aulnes et des saules vénérables offrent en de nombreux endroits des couverts denses, pas forcément évidents à pêcher aux leurres, mais propices à une prospection « sous la canne » aux appâts naturels comme le ver ou la teigne. « Le Rognon est bien aussi pour les pêches d’été » indique Ethan. « Il y a aussi des chevesnes qu’on peut prendre avec un petit leurre souple ou un ver et une légère plombée ».
Dans la vallée, les chants des oiseaux célèbrent le printemps. Au loin, un pic fait entendre le « ratatata » de son bec martelant l’écorce. Dans leur vallée, Ethan et Antoine savourent ces instants poches de la nature. Ethan, en 3e à la MFR de Doulaincourt, souhaite d’ailleurs faire sa vie future à son contact. « Je voudrais être biologiste marin, pour découvrir de nouvelles espèces et voyager » confie-t-il, comme dans un rêve.
Jean-Noël Deprez