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Quel impact de la guerre en Ukraine sur les fermes haut-marnaises ?

Jean-Luc Vauthier tient à rester positif malgré la situation : 
« Il y a encore de la marchandise ».

Pour l’instant, le désordre sur les marchés mondiaux a un impact mesuré sur les approvisionnements et les prix des protéines et de l’énergie qui entrent dans l’alimentation animale. Au-delà de l’été, les incertitudes sont plus grandes avec des conséquences directes dans les fermes.

Le prix des protéines et de l’énergie introduite dans la ration des animaux (porcs, volailles, bovins) a explosé en quelques jours. Les tourteaux de soja sont passés de 400 € la tonne à 650 et ceux de colza de 300 € la tonne à 500.

Pour autant, pour Jean-Luc Vauthier qui dirige l’entreprise Vauthier-Sepac, cette flambée des prix n’a pas encore d’impact en Haute-Marne sachant que 80 % de ses clients fonctionnent avec des contrats à moyen terme, sur les 6 à 12 mois prochains. Même les éleveurs qui ne signent pas de contrats bénéficient de prix moyens car la marchandise actuelle a été achetée à l’avance par l’entreprise en aliments du bétail. Ils ne prennent pas de face l’intégralité de la hausse actuelle.

« Pour l’instant, nous ne manquons pas de marchandises »

Jean-Luc Vauthier Gérant de Vauthier Sepac

Jean-Luc Vauthier se veut aussi rassurant en termes d’approvisionnements pour sa structure. « Ils sont encore assurés en Haute-Marne alors que d’autres fournisseurs ne se contentent plus que des contrats en cours ». Il veut ainsi éviter les effets de masse, les surstockages et donc les pénuries soudaines. Il pense aux protéines des rations animales mais aussi à l’énergie fournie notamment par le maïs. L’homme le redit : « pour l’instant, nous ne manquons pas de marchandises. Les fournisseurs de colza, soja, pulpes honorent encore leurs contrats. A ce jour, la chaîne fonctionne en Haute-Marne et le plus grave serait qu’un fournisseur important fasse défaut ».

La guerre en Ukraine ne vient qu’accentuer la tendance haussière qui dure depuis plusieurs mois. Les tourteaux de tournesol venaient essentiellement de l’Est et sont remplacés par ceux de colza ou soja. Le marché est déréglé tout comme celui de l’énergie alimentaire où l’urée incorporée dans les aliments du bétail est devenue « intouchable ». Avant, elle permettait de faire baisser les prix.

Des choix stratégiques

Mais Jean-Luc Vauthier a bien conscience que cette situation instable est due à des choix stratégiques qui vont bien au-delà de la guerre en Ukraine. Il cite, pèle mêle, la tentation d’acheter ailleurs les matières premières toujours moins chères, de casser l’indépendance alimentaire de la France, de se mettre à la merci de produits importés, de ne plus pouvoir produire du colza en France faute de produits phytosanitaires qui sont autorisés ailleurs, de mettre des terres en jachère… Pour lui, « tout est à revoir et il faut arrêter de gérer un pays au jour le jour au gré de celui qui crie le plus fort. Il est indispensable de regarder ce que l’on a fait de notre agriculture ».

Frédéric Thévenin

f.thevenin@jhm.fr

L’inquiétude des éleveurs

Malgré la modération de ses propos, Jean-Luc Vauthier a bien conscience que, dans les fermes, les éleveurs sont inquiets et perdus. Il reçoit chaque jour des coups de téléphone. Il comprend d’autant mieux ces inquiétudes que le prix du lait payé à la ferme n’augmente pas. Pire : certaines laiteries annoncent des baisses pour le printemps.

Avec la hausse du coût de production, les éleveurs laitiers (déjà en difficulté) ne tiendront pas le coup. Jean-Luc Vauthier le dit : « les laiteries devront assumer la disparition des producteurs de lait en Haute-Marne et en France » d’autant plus que peu d’éleveurs sont couverts au-delà du mois d’octobre. «Six mois passent toujours très vite mais il peut se passer encore beaucoup de choses» d’après lui.

Quant au choix grandissant de travailler l’autonomie alimentaire en ferme, il n’est pas contesté par Jean-Luc Vauthier. Il le trouve justifié et l’observe puisqu’il a vendu 10 000 tonnes d’aliments en moins en trois ans (il en vend 65 000 tonnes par an).

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