La voie du peuple – L’édito de Christophe Bonnefoy
Et si le règlement du conflit qui enflamme l’est de l’Europe passait, non pas par les armes, pas plus par les sanctions économiques, mais par le peuple ? Il donne de la voix. Et c’est peut-être cette voie populaire qui pourrait faire plier Vladimir Poutine. Voire le faire tomber.
Ne soyons pas dupes, le président russe n’a que faire des manifestations qui se tiennent dans toute l’Europe, et notamment en France. En revanche, beaucoup plus inquiétant – pour lui – serait de voir la contestation continuer à s’amplifier au cœur même de la Russie. Pour l’instant, fidèle à son habitude, il la contient à coup d’arrestations. Pour combien de temps ? Il n’est en outre pas certain que les familles de jeunes soldats acceptent longtemps de voir revenir leurs enfants enfermés dans des cercueils. Des vies perdues dans une guerre qu’elles ne comprennent pas. Qu’elles n’ont pas voulue. Contre les “frères” ukrainiens.
Signe de ce qui n’est qu’un frémissement mais pourrait à terme faire vaciller le chef du Kremlin : des oligarques, proches du pouvoir, prennent leurs distances. Ils vont, même, jusqu’à contester ouvertement l’offensive menée contre l’Ukraine. Dangereux pour eux. Mais dangereux, aussi, pour celui qu’on a toujours suivi, dans les sphères du pouvoir, le doigt sur la couture du pantalon. Sans broncher.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Poutine cherche à museler encore un peu plus tout ce qui s’apparente à un canal d’information. Déjà confronté à la résistance des Ukrainiens, mais aussi à la levée de boucliers d’une partie de la planète, il sait aujourd’hui que les réseaux sociaux, et la rue, pourraient d’une certaine manière s’avérer plus destructeurs – pour lui – que les sanctions prises contre son pays.
Vœu pieux ? On a déjà vu tomber tellement de statues a priori indéboulonnables…