L’arme de la peur – L’édito de Patrice Chabanet
La prise de la centrale nucléaire de Zaporijia par l’armée russe a sonné l’opinion publique mondiale. Le voisinage des mots guerre et nucléaire fait surgir le spectre d’un conflit qui change de dimension et qui nous rapproche d’une guerre totale. Dans les faits, on n’en est pas là. Pas encore. L’attaque russe visait un bâtiment administratif. Mais il est clair que Poutine se sert de ce type d’action, impressionnante et symbolique, pour faire peur, pour nous faire peur. Effet garanti. Faute de marquer des points sur le terrain grâce à des méthode conventionnelles, il pousse le curseur de l’intimidation. Plus inquiétantes sont ses allusions aux armes nucléaires tactiques. Elles entretiennent une petite musique qui nous habitue à ce qui pourrait arriver d’ici à quelques semaines si l’armée russe continuait à rencontrer une résistance coriace des Ukrainiens.
Plus globalement, Poutine s’est enfermé dans le bunker de ses certitudes. Pour lui, l’Occident doit répondre à toutes ses exigences. Une façon de faire monter les enchères à ses risques et périls. Visiblement il n’a pas compris que – cette fois-ci – l’Occident ne reculera pas devant l’obstacle russe. Le ferait-il que les pays qui entourent la Russie, notamment la Pologne et les Etats baltes se sentiraient trahis par nos promesses de soutien.
Enfin s’accumulent des sujets de préoccupation, les premiers effets des sanctions économiques, les craquements qui apparaissent dans la société russe et, semble-t-il, dans l’armée. Poutine est de plus en plus acculé. Il n’en est que plus dangereux. Le mot conciliation n’est pas dans son vocabulaire. Il lui préfère le mot nucléaire.