Deux guerres parallèles – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il y a d’un côté la terrible réalité du terrain, de l’autre la force des symboles. Et en période de conflit, les acteurs ne cessent de mener de front deux combats : celui qui met en scène les armes, bien sûr, avec chaque jour le décompte des morts. Mais aussi un autre qui s’apparente à une vaste opération de communication. A coups de fake news, pour certains. Vladimir Poutine en a fait un véritable mode opératoire. Y compris lorsqu’il s’agit de faire marcher son peuple au pas, d’ailleurs.
A l’évidence, depuis le lancement des hostilités contre l’Ukraine, il y a ainsi deux Poutine : l’un qui fait semblant de vouloir négocier, le second qui sait déjà où et quand il frappera le jour suivant. Le chef de guerre a depuis longtemps compris qu’une guerre se joue avec des chars… mais pas seulement.
Ce n’est ainsi pas un hasard si les missiles ont visé ce mardi les moyens de diffusion de la télévision ukrainienne.
Mais ne soyons pas dupes, Poutine n’est pas le seul à avoir intégré la force des images pour influer sur l’information, au sens large. On l’a vu, également, avec l’intervention du président ukrainien, par visio-conférence, devant le Parlement européen. Fort, marquant, efficace pour passer son message : “Ne nous lâchez pas”.
Symbole lourd de sens, encore : l’interdiction pour les volleyeurs, footballeurs ou patineurs russes de participer à toute compétition officielle. Voilà qui n’empêchera pas les civils ukrainiens de périr par les bombes. Mais qui fait prendre conscience que la guerre moderne ne passe pas que par la voie (x) des canons.