Urbanisme : retourner vers des choses simples
Habitat. Ce lundi 28 février, le cinéma A l’Affiche a accueilli la soirée débat « Vivre et habiter demain, des solutions possibles pour notre territoire ». Au programme : la revitalisation des centres avec la volonté de rendre ces questions plus accessibles aux habitants.
PLUi-H (Plan local d’urbanisme intercommunal avec un volet habitat), SCoT (Schéma de cohérence territoriale), CAUE (conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement) … Face à ces termes, l’aménagement du territoire semble complexe.
Un point ciblé lors de la soirée débat « Vivre et habiter demain, des solutions possibles pour notre territoire » qui s’est déroulée ce lundi 28 février au cinéma à A l’Affiche. « Il faut arrêter les acronymes pour rendre notre communication plus abordable », soutient Frédéric Roussel, vice-président en charge de l’urbanisme à l’Agglomération de Chaumont.
En rythmant les manières de vivre, l’aménagement du territoire concerne l’ensemble des habitants. L’urbanisme s’articule à la fois autour de l’environnement, de l’habitat, de la mobilité, de l’architecture, de l’agriculture ou encore de l’économie. Ouverte au public, la soirée visait à démocratiser tous ces sujets auprès des habitants.
Rénover
Pour se faire, les participants, venus en nombre avec une salle quasiment remplie, ont posé et ont répondu à des questions depuis leur téléphone. L’introduction a ainsi été interactive : une question posée au public, des réponses et une explication. Au fil des présentations, les interrogations se sont multipliées.
« C’est par les territoires qu’on permettra aux habitants de résister et d’encaisser les chocs du dérèglement climatique », soutient Marc Verdier, architecte-urbaniste et directeur du master « Ville et Territoire ».
Pendant son intervention, il a pointé l’importance de ne plus aborder l’urbanisme par la construction de lotissements, mais par la rénovation de l’existant. En effet, un nouveau quartier impose une extension des voiries, ou encore des réseau secs et humides déjà présents dans le village. Autrement dit, sur le long terme, cela implique des coûts supplémentaires évitables pour les communes.
Un constat soutenu par le vice-président de l’agglomération. D’ailleurs, le PLUi-H de l’agglomération prévoit de lutter contre la vacance de logements et le développement de l’urbanisation sur des espaces agricoles et naturels.
Moins pour du mieux
Les avantages de la rénovation face à la construction ont également été appuyés lors d’une table ronde. Notamment par Jean-Claude Lemaire, maire de Joux-la-Ville, une commune de l’Yonne qui réhabilite des bâtiments anciens pour dynamiser son centre depuis 30 ans. Près de 80 logements ont été créés, et le bourg de 1 200 habitants compte aujourd’hui une boulangerie, un mécanicien, trois entreprises, une école et une supérette.
Parallèlement, l’architecte-urbaniste Marc Verdier souligne le besoin de moins imperméabiliser les sols, de laisser d’avantage d’espaces verts et d’aller à l’essentiel. Pour un petit village, cela passe, par exemple, par laisser les pelouses là où il n’y a pas besoin d’accès ou par mettre des lampes sur les maisons, et non des lampadaires pour illuminer les voiries. Cela entraîne à la fois une réduction de dépenses, des besoins et des bénéfices pour l’environnement. La pelouse favorise la biodiversité et l’éclairage est responsable de 40 % de la baisse des populations d’insectes. « Je pense qu’il faut qu’on retourne sur des choses simples et modestes. »
Marc Verdier interroge également l’habitat individuel et met en avant la mutualisation de certains espaces, comme une buanderie ou un atelier de bricolage. « Est-ce qu’on a tous besoin d’une machine à laver par personne ? » En posant cette question, au-delà d’une diminution de la consommation, il met en avant de futures problématiques de pouvoir d’achat. Pour cause, la raréfaction des ressources naturelles va entrainer une hausse des prix. Par ailleurs, ces habitats partagés solidifient le tissu social et peuvent se présenter comme une solution, notamment pour l’inclusion des personnes âgées.
Les idées de Marc Verdier sont à retrouver dans l’ouvrage dessiné « 2054: voyage en transition » qu’il a coécrit.
Julia Guinamard
Signature d’une charte inter ScoT avec l’Aube
Alors que les derniers intervenants de la table ronde de la soirée débat venaient de grandement raccourcir leur temps de parole, il y a eu prolongation. Au lieu de conclure la soirée, Stéphane Martinelli, le président de l’Agglomération de Chaumont, a annoncé la signature d’une inter SCoT, soit charte de coopération sur un Schéma de Cohérence territoriale. Un document signé dans la foulée avec le vice-président du syndicat DEPART en charge du SCoT de l’Aube, Jean-Pierre Abel.
Dorénavant, le Pays de Chaumont et les territoires de l’Aube marcheront dans la même direction sur certaines questions d’urbanisme. L’objectif de l’Inter SCoT est de renforcer les échanges, les réflexions et la capitalisation des données. Plusieurs sujets de travail commun sont envisagés, notamment sur la trame verte et bleue (réseau d’échange pour que les espèces animales et végétales puissent circuler, s’alimenter et se reproduire), l’observation de l’artificialisation des sols ou sur les transports.