Front commun – L’édito de Christophe Bonnefoy

Il y a, parfois, nécessité absolue de faire front. Non pas d’oublier, mais de mettre de côté ses dissensions. On appelle ça l’union sacrée. Expression pas tout à fait inconnue dans notre pays, même si ladite union n’est en général qu’assez éphèmère. On se souvient ainsi de 2015, des terribles attentats de janvier et novembre. Et de cette pause dans les joutes politiques. Survie oblige, presque. Et obligation de combattre la barbarie comme un seul homme, en quelque sorte.

Si la situation est différente depuis quelques heures, le réflexe doit être le même. Bien sûr, la guerre que vient de déclarer la Russie à l’Ukraine ne touche pas notre pays en son coeur. Evidemment, les chars russes ne sont pas entrés dans Paris. Les conséquences pourraient toutefois à très court terme être terribles. Ce n’est pas un hasard, si chacun évoque, presque naturellement, de sombres temps qui nous ramènent 80 ans en arrière. La mobilisation mondiale en dit ainsi long sur les craintes que fait naître la folie guerrière du chef du Kremlin.

Pour l’instant, la planète, à quelques exceptions près, dégaîne les sanctions financières et économiques. En visant directement les oligarques ou le pouvoir russes. Isoler un pays, pour assécher ses ressources, d’une certaine manière. Pour l’instant, pas question d’investir le sol ukrainien, militairement parlant. Trop susceptible d’enflammer encore un peu plus la situation. Mais autour de la zone, l’Otan déploie ses troupes. Au cas où il prendrait l’envie au président russe d’aller voir plus à l’ouest du pays, notamment.

Un front commun qui fait du bruit. Mais qui ne semble pas impressionner Vladimir Poutine. Et une course folle qui a déjà fait des morts. Déjà trop.