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L’arrogance cynique – L’édito de Patrice Chabanet

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Il l’avait dit, il nous l’avait même promis : Vladimir Poutine a lâché son armée sur l’Ukraine. Avec un cynisme à toute épreuve il a justifié sa décision par un argument surréaliste : c’est l’Ukraine qui représenterait un danger pour la Russie, et non pas l’inverse. Plus c’est gros, plus ça passe, comme dirait l’autre.

A dire vrai, on ne connaît pas les intentions réelles du président russe. L’idée qui prévalait il y a encore quelques jours était la mainmise de Moscou sur le Donbass et rien de plus. Or, dès le premier jour de la guerre, c’est l’ensemble de l’Ukraine qui est attaqué. Un déploiement militaire en parfaite adéquation avec le discours poutinien, avant-hier soir. La notion même d’Ukraine était récusée, ce qui laisse prévoir une annexion totale du pays par la Russie. En cela, Poutine s’inscrit dans la logique exprimée par Danton : « de l’audace, encore de l’audace ». Avec une question : à qui le tour maintenant ? Ce qui est possible aujourd’hui, peut l’être ailleurs. Poutine n’est pas fou, comme on l’entend ici et là. Il avance et ne cède pas.

Face à la détermination du maître du Kremlin, l’Occident tente d’opposer un front uni. Il y parvient assez bien, mais dans le même temps, il réfrène ses ardeurs. Pas question d’intervenir sur le plan militaire. La seule option : les sanctions économiques qu’on annonce de plus en plus dures, de plus en plus pénalisantes, pour mettre à genoux la Russie et entraver son développement. L’Occident entend par là éviter une guerre mondiale, car c’est bien cela qui se joue actuellement. Il n’est pas sûr que Poutine ait la même perception de la réalité. Il a le sentiment d’avoir marqué des points, d’avoir remporté une première victoire. Pour le moment, on ne voit pas comment on pourrait le déloger de cette certitude.

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