Un “AMI” pour la méthanisation à Chamouilley
Une vingtaine d’acteurs du monde agricole a été conviée à découvrir le site de méthanisation de Chamouilley. La visite, réservée aux seuls agriculteurs d’une zone située entre Saint-Dizier et Brienne-le-Château, a été organisée dans le cadre de l’Appel à Manifestation d’intérêt (AMI) pour la méthanisation, lancé par la Chambre d’agriculture, GRDF et GRT Gaz, avec le soutien de la région Grand Est. Interview de Florence Begyn-Bricaire directrice territoriale Aube/Haute-Marne GRDF.
JHM : Quel était le but de cette visite ?
Florence Begyn-Bricaire : Il s’agissait de faire se rencontrer des exploitants agricoles susceptibles d’être intéressés par un projet de méthanisation avec la création d’un site ou en tant que fournisseurs de matière, de leur apporter des informations sur les pratiques agricoles avec les plans d’épandage, le stockage du digestat, le choix des plantes dédiées, comment gérer cette activité au sein de l’exploitation, quelles sont les ressources à utiliser. C’était un temps d’échanges et de réflexion commune, une mise en relation.
C’est la Chambre d’agriculture qui a lancé cette étude pour le Grand Est, seule région de France à la réaliser afin de déterminer l’endroit le plus pertinent pour les méthaniseurs de demain, accompagner les exploitants intéressés avec des experts à travers un guichet unique et fournir un véritable soutien jusqu’à la mise en place du projet.
JHM : Comment fonctionne un site de méthanisation ?
FBB : On prend des intrants (déchets organiques, déchets verts ou lisiers) que l’on met dans d’immenses cuves. Le mélange est chauffé à 38°grâce au gaz produit sur place et un immense malaxeur répartit la matière pour que les bactéries travaillent dans de bonnes conditions. Le gaz, plus léger que la matière organique, se dépose dans les dômes. Il est ensuite épuré et injecté dans le réseau.
JHM : Existe-t-il d’autres sources de gaz vert ?
FBB : La majorité du gaz vert est obtenu par méthanisation mais d’autres systèmes sont en cours de test, comme la pyrogazéification avec la biomasse (bois porté à très haute température) ou la méthanation avec de l’hydrogène vert ou encore avec les algues, mais là on en est aux prémices.
JHM : Qu’en est-il de l’odeur ?
FBB : Dans un méthaniseur, les cuves sont hermétiques, il n’y a pas d’oxygène, donc pas d’ammoniaque qui est à l’origine des remugles. Les digestats, utilisés comme engrais, ne sentent rien car la fermentation a déjà eu lieu.
JHM : Va-t’on produire des plantes pour alimenter les méthaniseurs ?
FBB : La méthanisation n’entre pas en concurrence avec l’alimentation des humains et des animaux, elle ne capte pas ces surfaces. En Haute-Marne, elle ne représente que 0,4 % des surfaces cultivées dédiées. En France, on ne peut pas avoir plus de 15 % de la surface totale cultivable affectée à la méthanisation (100 % sont autorisés en Allemagne).
JHM : Quelles sont ces plantés « dédiées » ?
FBB : A la première génération de méthaniseurs, on utilisait du maïs d’ensilage, à forte fermentation. Mais, depuis que les périodes de sécheresse se succèdent, les cultivateurs ont réfléchi à utiliser des plantes plus résistantes, moins gourmandes en eau et qui poussent vite, comme le seigle, le sorgho ou le miscanthus. Les exploitants font ainsi une rotation sur trois cultures, deux principales alimentaires et une dédiée à la méthanisation. C’est une « jachère organisée » sur laquelle les plantes n’ont pas besoin d’arriver à maturité, car seule la fibre est intéressante et qui évite le ruissellement des eaux sur une terre nue tout en apportant un microcosme de biodiversité.
JHM : Quelle suite est envisagée pour les agriculteurs intéressés ?
FBB : Nous allons développer les différents volets du projet, avec des ateliers de 2 heures. D’autres réunions sont prévues dans le Grand Est qui nous permettront d’avoir une vision d’ensemble.
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