éco-Hebdo : Changer de job, changer de vie
On ne mesure pas encore l’ensemble des répercussions de la crise sanitaire. Tous les regards se focalisent sur l’aspect médical d’un virus qui ne finit pas de nous surprendre et sur les contre-coups économiques, eux aussi surprenants. Certaines analyses nous annonçaient un chômage massif. Or c’est tout le contraire qui s’est produit.
Parallèlement est en train de développer une mutation profonde de la société. A la faveur du télétravail, certains salariés ont goûté d’autres façons de vivre. Cette évolution ne concerne pas seulement l’environnement du travail, mais le travail lui-même. C’est notamment le cas de cadres du tertiaire qui se lancent dans des projets agricoles (élevage et culture), avec une prédilection pour l’élaboration de produits finaux. Passer de la production de lait à la fabrication de fromages, par exemple.
Les sociologues nous expliqueront plus tard quels sont les ressorts des mutations d’une partie du salariat. On peut penser qu’après des années passées devant un écran, loin de la réalité du terrain, des salariés aspirent à un contact physique avec la matière. Une façon de réaliser et de se réaliser. Une manière aussi d’être son propre chef.
Il faudra attendre plusieurs années pour tirer le bilan de ces reconversions professionnelles. Les débuts sont souvent difficiles, ne serait-ce que pour trouver les bons financements et les canaux de distribution. Des formations spécifiques se multiplient pour assurer le grand saut. Encore faut-il être vigilant pour éviter les formations bidons.
Pour le reste, c’est l’effet capillarisation qu’il ne faut pas négliger. Ces compétences qui quittent les grandes métropoles pour se mettre à leur compte, pour ainsi dire, pourront revivifier les fameux « territoires perdus ». Tout se tient, espérons pour le meilleur.
Patrice Chabanet