D’Alembert contributeur éclairé de l’Encyclopédie
Jeudi 17 février, Irène Passeron, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de l’histoire des sciences et co-auteur de l’ouvrage “Oser l’Encyclopédie, un combat des Lumières”, présentait à la Maison des Lumières, ses recherches autour de d’Alembert, entre érudition et vulgarisation.
Sans le travail de d’Alembert, mathématicien et philosophe, l’immense œuvre de l’Encyclopédie n’aurait pu exister. « Ces intellectuels vont s’éclairer mutuellement dans une collaboration acharnée et harassante d’une quinzaine d’années », explique Irène Passeron. Au siècle des Lumières, le mathématicien était nommé géomètre et les mathématiques étaient encore des sciences appliquées, incomplètement formalisées. Et bien que touche-à-tout hétéroclite, Diderot eut besoin de ce jeune scientifique, novateur, issu de l’Académie des sciences. Brillant promoteur de la mécanique des fluides en France, d’Alembert était aussi auteur d’un traité sur la course des vents, comme caution scientifique de son travail. L’Encyclopédie commença par une entente personnelle et intellectuelle. En 1747, ils signèrent avec les librairies associées, le contrat d’impression de l’Encyclopédie qui, dans un premier temps, traduisit une encyclopédie anglaise technique, celle de Chambers. Rapidement l’ouvrage devint une œuvre beaucoup plus élaborée, illustrée de planches concrètes et précises, succès commercial qui profita aux libraires et éditeurs, soutenu par l’opinion publique et des intellectuels comme Malesherbes mais fut pourfendue pour son impiété, par les plus conservateurs. Après une première interdiction en 1752, finalement levée, c’est un article anodin en apparence sur Genève, de d’Alembert, qui provoqua l’ire des pasteurs protestants et une nouvelle interdiction en 1759. L’encyclopédie reprit ensuite jusqu’aux dernières lettres de l’alphabet en 1772 mais sans un d’Alembert épuisé par un tel ouvrage.