Le bon sens – L’édito de Patrice Chabanet
A l’impossible malien nul n’est tenu. L’annonce du repli de l’armée française du Mali est une bonne décision. On ne fait pas le bonheur des peuples malgré eux. Qu’on le veuille ou non, la junte au pouvoir à Bamako a le soutien d’une partie de la population, celle-là même qui demande aujourd’hui à la France de dégager. On est loin de la liesse qui a accompagné l’arrivée de nos troupes pour empêcher les jihadistes de mettre la main sur le pays. On souhaite donc bien du plaisir aux Maliens qui s’en remettent désormais aux mercenaires du groupe Wagner, réputés pour leurs exactions et d’abord soucieux d’aider les groupes russes à exploiter les richesses du sous-sol.
Pour autant, il est fallacieux de comparer le retrait français à la débandade américaine en Afghanistan. Tout au plus peut-on parler de repli stratégique, ce qui n’est pas très glorieux en soi, c’est vrai. L’armée française sera redéployée dans les pays voisins, à la fois pour les protéger et pour intervenir en cas de nécessité.
S’il y a une leçon à tirer à nouveau de cette longue expérience (neuf ans), c’est qu’il est systématiquement périlleux d’occuper un terrain qui n’est pas le sien. Nous avons la force, ils ont la ruse. Les spécialistes préfèrent parler de guerre asymétrique. Elle appellera de nouvelles stratégies visant à éviter les pièges de l’enlisement. Dans le même temps, l’armée française a la volonté de se préparer à un conflit de « haute intensité ». En d’autres termes, il lui faut maîtriser à la fois l’art de la contre-guérilla et celui d’une guerre classique en Europe. Dès lors, on comprend pourquoi Emmanuel Macron ne veut pas s’encombrer d’une aventure militaire dans l’arrière-cour malienne.