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Le départ d’une passionnée de l’élevage laitier en Haute-Marne

Fait rare : le père de Patricia Bablon avait cotisé alors qu’elle était aide familiale d’où son départ à la retraite dès 60 ans.

Portrait. A Thivet, en Haute-Marne, après 40 ans d’exercice, Patricia Bablon, passionnée parmi les passionnées de l’élevage laitier, quittera le Gaec des Trois fontaines le 1er avril prochain. Toujours souriante et humble, elle a apporté beaucoup à la race Simmental.

Les éleveurs qui raccrochent la cotte sont nombreux. Trop nombreux par rapport au nombre d’installation. Mais, le départ à la retraite, le 1er avril, de Patricia Bablon est un fait majeur dans ce petit monde. Connue pour son extrême gentillesse et douceur, elle sera, pour sa dernière, au Salon de l’agriculture. Elle y va « pour le plaisir, encore un dernier coup » comme pour une tournée d’adieu.

A 60 ans, cette éleveuse dans l’âme prend ce départ comme un soulagement d’un point de vue physique. Elle est usée par des années de traite et plus particulièrement ses épaules. En revanche, elle ne regrette rien de ses choix, de la jeune fille sortant du lycée agricole de Choignes à l’installation de robots de traite pour faciliter le travail et régler les problèmes de main-d’œuvre.

« J’ai toujours rêvé d’être paysanne ».

Patricia Bablon Eleveuse à Thivet

Patricia Bablon l’affirme : « j’ai toujours rêvé d’être paysanne ». Quant au choix de la race Simmental, il s’est fait « naturellement » après le retrait des Prim’holsteins de ses parents. De 5 000 kg produits par vache au début de sa carrière, elle est aujourd’hui arrivée à plus de 8 000 kg. Elle explique que les robots qui permettent de rationner individuellement les concentrés en fonction de la production aide à la performance des 110 vaches laitières. Son autre fierté est la progression en poids de carcasse et qui est un atout pour cette race mixte.

Cette évolution n’est pas due au hasard puisque, durant 40 ans, Patricia Bablon a effectué un travail de sélection même si le critère de la docilité a toujours été une priorité. Elle s’est appuyée sur la génétique et l’insémination et est aujourd’hui fortement impliquée dans le génotypage. Ainsi, des vaches du Gaec des Trois Fontaines ont donné naissance à des taureaux exceptionnels et 78 animaux sont actuellement génotypés.

Le meilleur de la race

Annette Richard, la présidente du syndicat Simmental, estime que « Patricia Bablon a amené le meilleur à la race ». Elle lui rend hommage en expliquant, par exemple, que « tous les ans, après avoir obtenu son quota de femelles pour le renouvellement, elle vend les autres dans les départements limitrophes pour répandre la race ».

A l’heure du départ à la retraite, l’éleveuse retiendra les obligations administratives qui n’ont cessé d’augmenter et le métier qui est sous tension permanente. Elle se souvient de la légèreté d’autrefois, d’une meilleure ambiance. « Aujourd’hui, il faut toujours plus travailler pour préserver nos revenus et les éleveurs sont épuisés et moroses ».

Elle laisse trois membres au sein du Gaec qui recherchent, « avec difficulté », un salarié. Quant à elle, elle n’a que pour seul objectif de prendre soin d’elle, de prendre son temps de vivre et, bien sûr, « s’il le faut, de venir dépanner ses futurs anciens associés ». Les Simmentals ne seront jamais bien loin d’autant plus qu’elle a aimé son travail avec passion.

Frédéric Thévenin

Le rendez-vous à venir

Issues du Gaec des Amarons, Saint-Hubert et des Trois Fontaines, trois vaches participeront au concours Simmental du Salon de l’agriculture, le 1er mars, à 10 h.

La race sera aussi présente au Show Pisani, les 2 et 3 avril prochains à Chaumont, au lycée agricole. Pour ce concours régional Grand Est, sept départements proposeront une quarantaine de vaches en production au concours et huit génisses génotypées de haute qualité à la vente.

Le syndicat ouvre ses portes

Le syndicat de race Simmental prend une nouvelle envergure en devenant interdépartemental. Comme l’explique sa présidente Annette Richard, « le conseil d’administration a souhaité y associer la Meuse, les Vosges et la Haute-Saône qui ne bénéficiaient pas, jusqu’alors, de syndicats du fait du faible nombre d’éleveurs sur cette race ». L’union rend la structure forte sachant que le nombre d’élevages baisse en Haute-Marne. Aux 19 existants, 12 nouveaux arrivent ainsi. Ils pourront ainsi profiter des actions du département mais aussi du génotypage.

D’ailleurs, dans ce domaine, il est à noter l’officialisation de l’indexation génomique mâle franco-française et l’apparition d’un nouveau modèle d’indexation. Le « Single Step » conjugue fiabilité et rapidité en évaluant les animaux en une seule étape et qui permet une meilleure prise en compte des progrès génétique. A noter aussi que le syndicat, avec la Région, aide au génotypage. 15 exploitations volontaires ont ainsi bénéficié de 20 € sur 25 % des femelles génotypées. Il reste 10 € à charge pour l’éleveur.

Annette Richard rappelle aussi que la race continue à progresser en termes d’insémination animales (+ 5 % en un an). 15 800 vaches sont ainsi présentes sur 42 départements. En un an, les près de 3 000 Simmentals haut-marnaises ont gagné 300 kg de lait pour atteindre la moyenne par vache de 7 195 kg avec, comme d’habitude, des performances en viande qui caractérise cette race mixte.

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