Témoignage : « J’aimerais retrouver mon poste à l’hôpital »
Médecin généraliste, le docteur Elodie Leprince exerçait, jusqu’à l’été dernier, au centre hospitalier de Langres, assumant en plus l’animation du service addictologie. Elle a été écartée sans explication. Et naturellement sans être remplacée. Témoignage.
Les plus mesurés dans leur appréciation y voient un paradoxe navrant. Les plus virulents y décèlent, eux, un symptôme supplémentaire de la volonté à peine masquée de la direction des hôpitaux du centre et du sud Haute-Marne de favoriser le dépecage en bonne et due forme de l’établissement langrois. Ces derniers mois, quelques confidences, plus ou moins documentées, circulaient sur un certain nombre de départs, volontaires ou non, de praticiens hospitaliers et autres soignants, à l’heure où, justement, tant de personnels manquent à l’appel, en pleine période de pandémie. La manifestation pour la défense de l’égalité des soins en Sud-haut-marnais, qui a rassemblé au moins 1 200 personnes samedi 12 février, a permis, pour la première fois, une dénonciation publique du phénomène.
« Des médecins sont poussés vers la sortie »
C’est le docteur Vincent Escudier, chef du service des urgences de l’hôpital de Langres, qui l’a affirmé lors de son discours, place Diderot : « Des médecins sont poussés vers la sortie alors que les ressources médicales se font très rares ». D’après nos informations, au moins deux praticiennes ont été concernées. L’une d’entre elles a accepté de livrer son témoignage. Médecin généraliste, le docteur Elodie Leprince exerçait au sein du service de médecine générale de l’hôpital lingon jusqu’à l’été dernier. Elle assurait également, depuis quelques années, l’animation du petit service dédié à l’addictologie (le traitement des addictions), qui est depuis en “stand-by”.
Une volonté de fermeture
Il a été mis un terme à son contrat l’été dernier, « sans aucune explication », affirme-t-elle. Abasourdie, tant les besoins en médecine générale sont importants. Et alors que son service en addictologie connaissait une bonne activité. « Je suis médecin généraliste, mais je me suis aussi spécialisée dans l’addictologie, une discipline qui m’intéresse, en effectuant une formation », explique le Dr Leprince.
Malgré ses demandes, il ne lui a jamais été réellement fourni de motif clair à cette fin de collaboration somme toute assez brutale. Une source hospitalière évoque « un désaccord avec le directeur », Guillaume Koch. Elodie Leprince, elle, « n’a qu’une seule explication : c’est qu’ils veulent fermer l’hôpital de Langres ! Virer deux médecins, si cela ne témoigne pas d’une volonté de fermeture… Qu’on m’explique la raison ! ».
« On était en train de monter un hôpital de jour en addictologie… »
Le docteur Leprince est d’autant plus désappointé qu’un développement important du service addictologie était en gestation : « On avait plein de projets pour apporter quelques chose à l’hôpital. On était en train de montrer un hôpital de jour en addictologie… ». Déçu, le Dr Leprince n’attend pourtant, en réalité, qu’une seule chose : pouvoir retrouver ses patients. « J’aimerais retrouver mon poste à l’hôpital », conclut-elle.
La balle est dans le camp de la direction. Contactée, celle-ci refuse, pour l’heure, de commenter le dossier, mais se réserve le droit d’y revenir prochainement.
N. C.