Santé Sud Haute-Marne : Oskar Rapp rompt le silence
SANTE. Emblématique industriel s’il en est pour le Sud de la Haute-Marne, Oskar Rapp nous livre ses réflexions sur le dossier santé dans cette partie du département.
L’ancien patron emblématique de Freudenberg à Langres, ancien patron du Pôle d’excellence des équipementiers automobiles Champagne Ardenne, membre du conseil d’administration du lycée Diderot, rompt le silence qu’il s’était imposé sur la gestion de la chose publique. Oskar Rapp apporte sa contribution au dossier de la santé dans le Sud de la Haute-Marne.
JHM Quotidien : Votre parole est rare sur la vie publique locale…
Oskar Rapp : J’ai accepté de vous répondre car la question de la santé est un élément majeur de notre vie à tous et cela fait partie des éléments qui participent avec l’éducation et le cadre de vie à faire venir des cadres dans les industries haut-marnaises.
Quel regard posez-vous sur cet épineux dossier ?
Oskar Rapp : Ma réflexion part du principe que la technologie médicale de haut niveau a beaucoup évolué. Le matériel spécifique, performant, coûte très très cher. Il est donc hors de question de disposer en plus du CHU du même matériel à Langres et à Chaumont. J’ai donc jugé pertinente l’idée des filières et de gradation des soins qui permettrait aux patients d’être orientés, depuis Langres par exemple, vers des établissements de référence spécialisés.
Par contre la gradation ne doit pas être limitée au premier niveau mais doit être basée sur la proposition des professeurs Giroud et Bonnin, responsables pour ce dossier au CHU, à savoir inclure la phase 2 : maladie qui peut encore être prise en charge à Chaumont ou à Langres mais après l’avis des experts à Dijon et ceci pour éviter l’impression de deux catégories de médecine.
Mais la première condition pour qu’un nouveau dispositif fonctionne efficacement, ce serait que tout le monde s’entende, travaille ensemble. Les querelles Langres-Chaumont sont stériles. Il nous faut décloisonner, en commençant par nos pensées.
Jhm Quotidien : Est-ce possible ?
Oskar Rapp : C’est d’autant plus possible que nous l’avons fait dans l’automobile. Une voiture a un moteur, une boîte et un châssis qui sont fabriqués dans des usines autour du monde par des constructeurs qui exigent les mêmes matières mais surtout la même qualité.
La maladie ne connaît pas des frontières mais les patients ont droit au même traitement partout. Nous l’avons réussi à Freudenberg, tous, en privilégiant un esprit d’ouverture. C’est ce que j’appelle de mes vœux pour ce dossier hôpital.
Jhm Quotidien : On va donc vraisemblablement construire quelque chose à Chaumont et à Langres ?
Oskar Rapp : Attention ! Cela ne servira à rien de construire un nouveau bâtiment si on ne change pas le fonctionnement administratif de l’établissement. Avec trois sites, la même qualité et la possibilité de dialogue par visioconférence avec comme support les radios et les analyses, nous aurons une bonne et solide base pour l’attachement et la motivation des personnels qui y travaillent.
La nouvelle administration doit être conçue comme un service pour le fonctionnement médical et devra sortir un résultat par site. La digitalisation doit le permettre, si les trois systèmes parlent un langage unique et commun.
Jhm Quotidien : Un nouveau bâtiment et une administration rénovée feront venir des médecins ?
Oskar Rapp : Les jeunes médecins viendront dans les établissements haut-marnais si vous leur expliquez qu’ils bénéficieront d’avoir accès au savoir-faire du CHU, et à la formation et à travers un bulletin trimestriel une partie de l’innovation – mais avec la qualité de vie de la campagne. C’est ce que propose justement le dispositif dont je vous parle.
Propos recueillis par Dominique Piot