Eco-Hebdo : coup de chaud sur le vignoble
Personne ne peut mesurer aujourd’hui l’impact qu’aura le réchauffement climatique sur la viticulture. Mais ce dont on est sûr c’est qu’il y en aura un. Des organismes spécialisés comme l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité) ou l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’alimentation) y travaillent déjà. Il y a urgence, car les mutations pourraient être lourdes, exiger la mise au point de nouvelles méthodes de culture ou, carrément, appeler de véritables migrations pour certains crus. Un Pomerol à 17 ou 18 degrés ou un Châteauneuf-du-pape s’approchant des 20 degrés n’auront rien à voir avec ce que l’on connaît aujourd’hui.
Des signes avant-coureurs sont là, avant même que la courbe des températures confirme le réchauffement climatique. Les vendanges sont de plus en plus précoces, chacun peut le constater. En dehors de la France, dans la partie septentrionale de l’Europe, on envisage de développer la culture de la vigne, comme en Suède par exemple. Impensable, il y a encore quelques années. On assiste ainsi à un véritable bouleversement de la carte du vignoble français, une carte figée dans la tradition – et la réputation – depuis des siècles.
Notre pays a les capacités de gérer cette transition. La Californie et l’Australie, pour ne citer que ces deux exemples, ont fait appel aux meilleurs spécialistes français pour se lancer dans la production de vin. Cette fois-ci, leur expertise sera nécessaire pour que le vignoble français ne subisse pas les aléas climatiques mais les anticipe. Sinon, dans un avenir pas si lointain, les meilleurs bordeaux ou bourgogne seront produits en Belgique ou en Grande-Bretagne.
Ces interrogations ne touchent pas seulement le seul aspect produits, mais aussi toute la symbolique liée à l’un des piliers de notre art de vivre. Un exemple de plus qui montre que l’économie est souvent inséparable de ce que l’appelle la culture. D’une certaine manière, c’est rassurant. Le poids du vignoble français ne se mesure pas seulement en hectolitres et en volumes d’exportation. Remarque qui s’applique aussi dans nos domaines d’excellence, l’aéronautique, la mode et le luxe.
Patrice Chabanet