L’un sort, l’autre rentre… – L’édito de Christophe Bonnefoy
L’un en sort, l’autre y rentre. Un peu comme si les acteurs de la justice avaient voulu porter l’estocade. Vous entrez en prison, Claude Guéant en sort. Quasiment à la même heure. Ultime petit coup au moral pour Patrick Balkany, qui fit de Levallois son royaume et devra désormais faire d’une cellule son espace.
Dominique Puechmaille, la procureure de la République d’Evreux qui a annoncé ce lundi l’incarcération de Patrick Balkany à Fleury-Mérogis, cache ainsi peu un sentiment qui va au-delà de la simple application des textes de loi. « On a affaire à des gens qui sont dans la toute-puissance et qui ont commis un délit de toute-puissance ». Elle va, même, jusqu’à mettre en doute la tentative de suicide d’Isabelle Balkany, de son point de vue tellement théâtralisée qu’elle en apparaît suspecte. Message à peine caché : assez d’un pouvoir politique qui pense demeurer intouchable et se moque du monde. L’impunité, c’est fini. Elle l’affirme d’ailleurs : les époux Balkany sont des justiciables comme les autres.
Sur le fond, chaque Français est effectivement sur le même pied d’égalité face à la justice. Sur la forme, on ne peut que déceler dans cette affaire, et d’autres, les ressentiments entre pouvoir politique et justice, même si les faits jugés ne font plus aucun doute.
Cette inimitié est sans doute due, principalement, à la personnalité même des époux Balkany. Ici, le cheminement judiciaire a souvent côtoyé la société du spectacle.
Reste que, comme Claude Guéant, Patrick Balkany, incarcéré ce lundi, pourra faire jouer la raison médicale pour obtenir un aménagement de peine. Comme tout autre justiciable, pour le coup. Mais que d’énergie, de temps… et d’argent dépensés…