Qui ne tente rien… – L’édito de Patrice Chabanet
La rencontre, ce lundi à Moscou, d’Emmanuel Macron avec Vladimir Poutine ne va pas changer la face du contentieux ukrainien. Mais qui ne tente rien n’a rien dans un conflit qui pourrait déraper à tout moment. Toutes les initiatives méritent considération, même si la lucidité incite à un optimisme modéré. En l’occurrence, les deux acteurs principaux de cette pièce qui se joue aux portes de l’Europe demeurent la Russie et les Etats-Unis. En termes de rapport de force, l’Union européenne doit se cantonner dans un rôle de facilitateur de solutions. Macron lui-même préfère évoquer une « possible désescalade ». Il n’est pas question de poser les jalons d’un projet durable. Quel rôle réserver à l’Ukraine ? Une forme de finlandisation ? Quel sort pourrait être celui de la minorité russophone ?
Le double défi pour le chef de l’Etat français est de conforter sa stature internationale, surtout après le départ d’Angela Merkel, et de tirer les marrons du feu en pleine campagne présidentielle. S’il éloigne un tant soit peu l’ouverture d’un conflit, cela sera porté à son crédit et renforcera son avance dans les sondages. Si, au contraire, la Russie maintient sa pression ou, pire, envahit l’Ukraine, ses adversaires intérieurs ne manqueront pas de l’épingler et de souligner son inefficacité. Et de le traiter de « petit télégraphiste » de Moscou, comme l’avait été Giscard d’Estaing après l’intervention des Soviétiques en Afghanistan, en 1979.
Bien malin qui peut dire aujourd’hui de quel côté la balance penchera : la guerre ou l’apaisement ? A dire vrai, on sait peu de choses de l’influence de l’entourage de Poutine, en particulier celle de l’armée, la colonne vertébrale du régime. Pour le moment, chaque jour gagné distille sa dose d’espoir.