Tiraillés – L’édito de Christophe Bonnefoy
Les électeurs traditionnels de la droite de la droite n’ont que l’embarras du choix : partir vers Eric Zemmour ou rester aux côtés de Marine Le Pen. Se ranger au discours extrême du polémiste devenu candidat ou adhérer aux propos désormais un peu plus lissés de celle qui, c’est évident, continue encore aujourd’hui à vouloir enrober l’image de son parti d’une certaine respectabilité.
On le sait bien, l’électorat du Front national n’a jamais porté de visage aux contours clairement définis. Entre extrémistes les plus durs qui, eux, verraient bien cette droite aller toujours plus vers le bout du bout et ceux, plus perdus, en quelque sorte, qui avaient fait du vote frontiste un canal de contestation mais n’ont jamais vraiment totalement partagé les valeurs, si l’on peut dire, du FN, l’éventail est large.
Eric Zemmour l’a bien compris. Marine Le Pen aussi, mais pas pour les mêmes raisons. Le premier tente d’attirer les électeurs qui voient aujourd’hui en la présidente du RN une candidate comme les autres. Autrement dit, pas plus crédible que la droite traditionnelle parce que rentrée dans le rang. La seconde tente depuis des années de gommer cette tendance à la provoc’ permanente, qui était la marque de fabrique de son père. Coincée, entre ce qui fit grimper le FN avant et risque de le tuer maintenant. Et consciente de toute façon que le concurrent Zemmour pourrait indirectement lui barrer la route du second tour.
Tous les deux, à distance, lui à Lille, elle à Reims, ont peu parlé l’un de l’autre ce samedi pendant leur meeting respectif. Mais il est certain que chacun a pesé chaque mot, écrit ou fait écrire chaque phrase de son discours en pensant au concurrent.