Le productivisme à feu au Nouveau Relax
Spectacle. « Burning » (bruler en anglais, ndlr), tel est le titre du spectacle présenté au Nouveau Relax ce mardi 1er février par la compagnie « L’Habeas Corpus Compagnie » venue de Bruxelles.
Seul sur scène et également auteur de la pièce, Julien Fournier a choisi comme thème la condition humaine soumise aux injonctions productivistes. Jadis, en 1936, Charlie Chaplin avait, dans « Les temps modernes », dénoncé les mêmes phénomènes. Depuis, cela n’a fait qu’empirer. Au lever de rideau apparaissent des colis empilés. Julien se lève de sa chaise et met deux colis à l’écart. Pendant qu’il dépile, rempile et manipule les mêmes colis, une voix off, celle de Laurence Vielle, raconte sa vie, au même rythme effréné que ses gestes.
Titulaire d’un DUT Génie Mécanique, salarié d’une multinationale, il fut d’abord en production, puis muté au bureau d’études, aux méthodes, aux expéditions, à la logistique, à l’administration… Il est envoyé en Bulgarie pour former ceux qui feront le boulot de ses anciens collègues condamnés au licenciement. Sa vie privée est tout aussi chronométrée : tant de minutes pour le petit déjeuner avec ses filles, sortir le chien, ses trajets, etc.
Le jeu de scène oscille entre cirque documentaire et poésie chorégraphique. Justement, dans le genre du cirque, le plateau commence à s’incliner. Les piles de colis s’écroulent… il les rattrape, mais la pente s’accentue jusqu’à 45 degrés. Le spectateur est stupéfait de voir Julien, devenu acrobate évoluer comme une araignée.
La voix off est maintenant celle d’enfants qui annoncent le métier auquel ils aspirent. La pente s’accentue encore, le sol se dérobe, Julien finit par chuter et se rattraper à une planche. L’acteur est à la fin du spectacle qui a duré 55 mn, aussi épuisé que le personnage qu’il incarne. Ce qui est crispant, c’est que Julien a à peine caricaturé ce que vivent des millions de gens au travail, soumis des pressions intellectuelles qui débouchent sur le burn-out. Les temps modernes sont cruels.
De notre correspondant Benoit Gruhier