Pas d’excuses – L’édito de Christophe Bonnefoy
Ne pas respecter ses aïeux, c’est un peu ne pas se respecter soi-même. C’est même quasiment faire peu de cas de la vie d’autrui. Passée et présente.
Les faits révélés dans le livre « Les fossoyeurs », du journaliste Victor Castanet, sont édifiants. Et révoltants. Pour celui qui les lit, pour ceux qui les vivent, pensionnaires de certains Ehpad ou leurs familles.
Depuis la parution de cette enquête, les langues se délient. Ce qu’il faut bien nommer maltraitance n’est plus simplement une sorte d’idée reçue. Mais devient l’affirmation d’un malaise sociétal, basé sur des cas concrets. On laisse, dans certains établissements, dépérir ceux qui y vivent. Si on peut appeler ça vivre, en l’occurrence.
Bien sûr, tous les faits rapportés ne seront peut-être pas avérés. Evidemment, on découvrira parfois des situations tellement tendancieuses, que des témoignages se révéleront au final plus opportunistes que sincères. Mais comme on dit, ce sont les enquêtes diligentées, notamment par le ministère chargé de l’Autonomie des personnes âgées, qui devront éclaircir la situation.
Une chose est sûre : les dirigeants d’Orpea, puisque c’est cette « marque » qui est dénoncée dans le livre-enquête, ont incontestablement passé un sale quart d’heure dans le bureau de Brigitte Bourguignon. Eux aussi devront enquêter – ils l’ont d’ailleurs promis – et faire le ménage au sein du groupe. Peu importe d’ailleurs, que le nouveau PDG d’Orpea ait cru bon d’argumenter ce mardi sur des taux de satisfaction de plus de 90 % au sein de ses maisons de retraite. Presque indécent.
En tout état de cause, cette affaire soulève une question bien plus large : la place, la considération même, qu’on accorde à nos seniors – ce que chacun est amené à être un jour, d’ailleurs. Malade ou pas, dépendant ou pas, il n’y a aucune légitimité, aucune excuse à penser qu’on peut traiter un humain tel que ça semble être le cas, parfois, dans certaines structures. Quelles qu’en soient les raisons.