Vers le trop plein d’agences immobilières à Chaumont ?
Avec deux ouvertures récentes ou imminentes, Chaumont compte désormais onze agences immobilières. Elles doivent se partager un marché relativement étroit ; celui d’une ville de 22 000 habitants. La question est de savoir s’il y a de la place pour tout le monde.
Avec 200 transactions immobilières en moyenne par an (287 en 2019 et 155 en 2020), est-ce que la ville de Chaumont a le potentiel immobilier pour accueillir onze agences ? La question mérite d’être posée au moment où la onzième, en l’occurrence Stéphane Plaza Immobilier, est en train de s’installer.
Thomas Beligny, justement à la tête de cette nouvelle agence immobilière, considère que le territoire peut encore attirer ce genre de structure à condition de « se différencier ». Tout l’origine du projet est dans cette différenciation. Il évoque la bienveillance des agents envers les propriétaires et les acheteurs ainsi que la volonté « de faire vivre la ville ».
Une prime à ceux qui travaillent
L’homme reconnaît : « certes, à Chaumont, il y a de la concurrence mais le potentiel est bon ». Il parle des belles perspectives de 2022 grâce à des taux d’intérêts bas pour emprunter. Pour lui, si le marché se resserre, « ceux qui travaillent réellement s’en sortiront ». Il mise beaucoup sur l’esprit de la boite construite autour d’un concept différent ; celui la bienveillance en se mettant à l’écoute du client et grâce à la proximité qui permet de connaître parfaitement le territoire.
Pour Thomas Beligny, « il y a de la place pour tout le monde mais ceux qui resteront sont ceux qui feront bien les choses avec, peut-être, moins de ventes mais plus de renommée. Il faudra savoir, aussi, se diversifier ».
Chez Orpi Simon Immobilier, Anaïs Otabide explique que « l’année 2021 a été porteuse dans le secteur de l’immobilier. Elle a donné des idées à des personnes mais, attention, cela ne durera pas ». La jeune femme prévoit de grandes désillusions ceux, souvent des agents immobiliers indépendants, qui ont cru que le métier était accessible à tout le monde. Par contre, pour sa structure, elle n’est pas très inquiète sachant qu’elle est « bien établie sur le territoire ».
Sélection naturelle
Pour Laforêt Immobilier, Paul Mignot explique que le secteur a connu une période florissante ces dernières années. Il était même très attractif pour les personnes en reconversion. Pour lui, « le marché a porté cette tendance ainsi que la crise sanitaire ».
Mais, il en est convaincu : « cette situation ne pourra pas durer. Une sélection naturelle va s’opérer et, d’ailleurs, les difficultés commencent déjà. La structure Laforêt pourra les absorber mais on ne pourra pas éviter un écrémage par les plus fragiles ». Ecrémage qu’il dit avoir déjà connu autour de 2010 du fait de la crise financière venue des Etats-Unis.
Paul Mignot estime que « les prochains mois seront déterminants pour voir si le marché pourra porter toutes ces agences » sachant que Chaumont a la particularité d’avoir toutes les plus grandes franchises de France à l’exception de Guy Hocquet.
Frédéric Thévenin
Un marché qui se tend
Toutes ces agences ou indépendants dans l’immobilier peuvent subsister si le marché reste porteur. Or, d’après Paul Mignot, il a tendance à se tendre. Peu de biens sont à vendre à Chaumont et les prix augmentent nettement ces derniers mois. L’offre de biens réduite face à une demande assez forte tire les prix vers le haut. Une maison qui se vendait, il y a deux ou trois ans, 150 000 € se vend actuellement 180 000 € avec, parfois, il faut le dire, des surestimations.
Paul Mignot considère que ce jeu « explosif » va sans doute se calmer du fait de normes bancaires plus strictes comme le taux d’endettement, la longueur de prêt ou l’apport personnel ». Mais, en attendant, le marché immobilier est dans une petite bulle qui peut éclater.
En face, pour lui, « n’importe qui ne va pas pouvoir se prétendre agent. La recette du succès sera d’être sur les biens et d’aller les chercher ; l’essence même du métier ». L’occasion d’évoquer le statut d’agent commercial qui se développe fortement et qui a comme avantage, tout en travaillant, de préserver ses droits de chômage. Ainsi, la plupart des agences travaillent avec des indépendants afin d’alléger leurs charges.
A Chaumont, dans l’immobilier, les agents commerciaux sont plus nombreux que les salariés. Ils ont des statuts précaires et sont à la merci d’une inversion de tendance dans l’immobilier et d’une trop forte concurrence autour d’un marché qui pourrait se rétracter.
