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Un Jeudi noir de tragique mémoire

Colette Rozen et sa soeur. « Oh pourvu que je revienne » écrivait la petite Bragarde, assassinée à Auschwitz à l’âge de 12 ans.

La commémoration de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz (27 janvier 1945) coïncide, en Haute-Marne, avec la date de la plus importante rafle de juifs sous l’Occupation (27 janvier 1944). Sur 94 femmes, enfants, retraités arrêtés ce jour-là, 85 ont été immédiatement déportés. Un seul a survécu.

Une centaine de Haut-Marnais de confession juive ayant échappé aux vagues d’arrestation successives depuis 1942 vivaient encore dans le département ce 27 janvier 1944. Mais pour eux – l’occupant en avait décidé ainsi -, la Solution finale, c’est-à-dire leur extermination, devait s’appliquer.

Ce sinistre jeudi, les feldgendarmes procèdent, en début de matinée, aux arrestations des familles qui vivaient au grand jour. L’opération a lieu conjointement dans différentes localités du département. Des villes comme des communes plus petites où ces habitants espéraient être à l’abri : six arrestations sont opérées à Chalvraines, trois à Laferté-sur-Amance…

Libéré car baptisé

A Chaumont, où le quartier Foch servira de lieu de rassemblement, les feldgendarmes arrêtent les huit membres de la famille Baer, pharmacien à Chaumont, depuis le grand-père Moïse, 78 ans, jusqu’à la petite dernière Marie, 2 ans et un mois !

Grâce notamment à des habitants solidaires, plusieurs juifs haut-marnais parviennent à échapper à la rafle. A Saint-Dizier, Jacques Lévy, prévenu à temps par son père qui est arrêté, réussit à se sauver et à gagner à vélo la région du Der. Toujours dans la cité bragarde, l’enseignante Suzanne Girard et son jeune fils Robert prennent en charge une écolière qui sera ainsi protégée. Jacques Rabner, de Chevillon, est hébergé par un cheminot de Breuil-sur-Marne, M. Clément, avant de se cacher à Ecôt-la-Combe. A Chaumont, une employée de la préfecture, Marthe Fatin, parvient à faire libérer le jeune Jean Klein, 18 ans, se souvenant qu’il avait été baptisé. Mais le père du jeune homme, tailleur d’habits de la rue du Commandant-Hugueny, mourra en déportation.

« Oh pourvu que je revienne »

Les 94 juifs arrêtés sont d’abord réunis près de la gare de Saint-Dizier puis dirigés sur Châlons-en-Champagne, enfin sur le camp de Drancy, dans la région parisienne. Le 10 février 1944, 85 d’entre eux seront compris dans le convoi de 1 500 juifs (dont 279 enfants et adolescents) parti pour le camp d’extermination d’Auschwitz. « C’est un sort bien injuste pour moi, avait écrit la petite Colette Rozen, 12 ans, de Saint-Dizier. Oh pourvu que je revienne ». Elle ne reviendra pas, comme 83 de ses concitoyens arrêtés le même jour qu’elle.

L. F.

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