Plaques tectoniques – L’édito de Patrice Chabanet
Il en est de la vie politique comme de la géologie. Elles sont soumises en permanence à des secousses, surtout en période électorale. Les plaques tectoniques des partis s’entrechoquent avec plus ou moins de force. Les changements de camp se multiplient au gré des convictions ou des intérêts plus terre à terre. Le passage de Gilbert Collard du Rassemblement national au camp d’Eric Zemmour n’échappe pas à cette tendance. A première vue, il constitue une belle prise de guerre pour le polémiste-candidat. Mieux vaut voir arriver des transfuges qu’assister à une hémorragie de ses troupes. Cela dit, ces nouveaux venus ne sont pas des gros calibres comme a pu l’être le soutien à Macron de Bayrou et de son parti en 2017 : une poussée immédiate de plus de 6 % dans les sondages et l’élection finale à la clef.
Mais dans un contexte devenu illisible, conséquence directe d’une pandémie inédite, on peut faire dire aux faits tout et son contraire. Ainsi le ralliement de Collard à Zemmour, a priori recrue de choix, dédiabolise un peu plus le Rassemblement national et le rend plus séduisant pour une partie des électeurs de la droite modérée. Ce qui, de proche en proche, peut affecter les Républicains.
Comme si la lecture de l’avenir n’était déjà pas assez difficile, des hypothèses s’ajoutent pour nous transporter vers 2027. Qu’adviendra-t-il si Marion Maréchal intervient dans le débat ? N’est-ce pas une première marche possible pour la nièce de Marine Le Pen ? Exercice de pure politique fiction. On finit par oublier l’acteur principal : l’électeur. On nous dit que dans sa tête il n’est pas encore entré dans la campagne présidentielle. Le moment venu, il pourrait nous surprendre. Le charme non discret de la démocratie.