Sanglier : une étude grandeur nature en Haute-Marne
fauneDepuis plus de 35 ans, le sanglier est l’objet d’études et d’observations pour les agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
Territoire d’étude expérimental, la forêt d’Arc-Châteauvillain est réputée pour ses sangliers. Depuis le début des années 1980, les ongulés sont observés et étudiés de très près. Les agents de l’ONCFS de la station de Châteauvillain ont constitué la base de données la plus conséquente du genre au plan national. Une mine d’informations pour les auteurs de thèses et ingénieurs qui s’intéressent de près à l’espèce et à sa gestion. Avec le recul qu’elles offrent, ces données permettent de mieux comprendre comment vivent les colonies de sangliers et offrent des informations quant aux incidences de la chasse ou de la gestion de la forêt. En cette saison, c’est la pleine période de capture. Marcassins, jeunes et adultes peuvent être piégés grâce à une autorisation spéciale délivrée par la préfecture aux agents de l’ONCFS pilotant cette action.
3 700 sangliers marqués
Organisée chaque année au printemps, la capture a débuté il y a une quinzaine de jours. «Elle se déroule de mars à début mai», indique Eric Baubet, ingénieur, chef de projet pour les études sanglier à l’ONCFS. Basé dans l’Ain, ce dernier vient régulièrement en Haute-Marne. Il a assisté à la cession de capture d’hier matin. «Châteauvillain est une référence pour le sanglier, un peu comme le chevreuil à Troisfontaines», reprenait-il. Les premières observations datent du début des années 1980, mais elles ont été systématiques à compter de 1982. Au total, ce sont plus de 3 700 sujets qui ont été capturés, marqués, puis observés en 35 années d’étude. «Nous capturons entre 80 et 150 bêtes par an», précisait l’expert. Hier matin, neuf étaient pris au piège, appâtés par le maïs dont ils raffolent. Il n’y avait que des marcassins, manifestement issus de deux ou trois portées différentes. Tout est mis en œuvre pour agir rapidement et sans stresser les animaux.
Manipulation
Un à un, ils passent entre les mains des agents. Cyril Rousset et Paul Revelli, les deux techniciens en poste à la station de Châteauvillain, attrapent les marcassins. Avec l’aide de Cédric Pacot, stagiaire, ils procèdent aux observations et marquages. Boucle à l’oreille et transpondeur permettent l’identification de l’animal. «Il nous arrive de les capturer de nouveau l’année d’après», a eu l’occasion de constater Cyril Rousset. De même, sont relevés : le sexe, le poids de l’animal, l’état de la dentition et la taille de la tarse (patte arrière droite). «Nous leur installons des puces électroniques, comme celles des chiens ou des chats domestiques, afin de les identifier au cas où ils perdraient leurs boucles d’oreille. Ils les déchirent assez souvent», note Eric Baubet. Les adultes – souvent moins coopératifs – reçoivent généralement un collier émettant un signal GPS. Lequel permet de suivre leur périple jusqu’au moment où la batterie est vide. Ce qui arrive généralement au bout d’un an. Le collier se coupe alors de lui-même et les agents de l’ONCFS le récupèrent grâce à l’émetteur.
Une fois leur besogne achevée, les experts relâchent les petits animaux. Un moment assez magique (à revivre en images sur JHM.fr). «Ils se dispersent, mais ils ne mettent pas longtemps à se retrouver. Déjà, on les entend grogner. Leur mère n’est probablement pas loin.»
Sylvie C. Staniszewski
Durée de vie : entre trois et six ans
Au fil des mois, les boucles d’oreille seront restituées par les chasseurs des environs qui auront abattu les sangliers marqués. «Nous leur demandons autant d’informations que possible comme le poids par exemple», ajoute Eric Baubet.
L’espérance de vie des sangliers est relativement basse en forêt. «En captivité, un sanglier peut vivre douze ans. Ici, nous constatons que cela tourne plutôt autour de trois ans pour les mâles et cinq-six ans pour les femelles. Ces dernières vivent plus longtemps en raison des consignes de tir pour les épargner dans les sociétés de chasse.»