Le pays du cinéma – L’édito de Christophe Bonnefoy
L’Amérique, pays
du cinéma. Chacun des deux candidats à la présidentielle a d’ailleurs fait le
sien, à l’issue d’un scrutin qui ressemble à s’y méprendre à un blockbuster. Un
film catastrophe, plus précisément. C’est le scénario le plus redouté qui s’est
joué : des résultats tellement serrés, que personne ne pouvait encore hier soir
se hasarder à avancer de manière définitive le nom du futur locataire de la
Maison-Blanche. Donald Trump est sûr d’en sortir vainqueur. Joe Biden est
certain de remporter la mise. Ce dernier précédait d’une courte tête son
concurrent ce mercredi.
Jusque-là, rien que de très normal. Sauf que ça ne s’est pas passé comme prévu.
Les sondages plaçaient le candidat démocrate loin devant le républicain. Dix
points. Tout était joué d’avance. Raté. Revigoré, le Président sortant a très
vite annoncé la couleur : s’il perd, c’est que l’élection a été manipulée,
pour ne pas dire truquée. Ses avocats sont déjà en action.
Avant même le résultat définitif, les enseignements sont simples. D’abord – comme en France il y a quelques années, souvenez-vous… -, on pourra toujours injecter des milliers de paramètres dans un sondage, il ne sera jamais qu’un sondage. Hasardeux au possible. Ensuite, le terme de film catastrophe n’a rien d’exagéré. La crainte, dans un pays au bord de la crise de nerfs, est de voir s’affronter dans la violence les partisans de l’un et de l’autre. Ainsi, et c’est peut-être là le plus inquiétant, le mandat du prochain Président, quel que soit le gagnant, sera forcément marqué par ce sentiment que l’élection a plus contribué à exacerber les tensions dans le pays qu’à les apaiser.
The end, comme cela s’affichait sur l’écran, à la fin des vieux westerns ? Rien n’est moins sûr.