Hommage à Samuel Paty : la lettre aux enseignants de Charles Guené
Le sénateur de Haute-Marne a envoyé une lettre à tous les enseignants, directeurs d’écoles et chefs d’établissements de Haute-Marne.
« Je pense, comme beaucoup d’entre vous, que les caricatures de Mahomet ne constituent pas la quintessence de la manifestation de l’esprit critique, ni le symbole du bon goût français. De cette appréciation à la réaction immonde d’assassiner et décapiter son prochain, il y a pourtant un abîme, un gouffre, qui relève de la barbarie et d’un rare obscurantisme. Les auteurs de ces crimes atroces sont, certes, enfants d’une civilisation aussi brillante que cruelle, qui illumina et embrasa les rives de la Méditerranée du 7e au 15e siècle, et dont on pouvait espérer qu’elle se serait débarrassée de ses pires turpitudes. Ils sont aussi, de manière inquiétante, le bras armé et souvent manipulé d’un nouvel expansionnisme religieux, qui tend à s’opposer frontalement à ce que nous sommes : les héritiers des Lumières et les défenseurs de la laïcité. Ce n’est pas un hasard si l’offensive vient du pays d’Atatürk, ce fils d’Orient qui réussit à instaurer la laïcité pour près d’un siècle, là où on vient de réimposer la loi de la charia : c’est-à-dire la primauté du religieux sur les lois de la République. Avec la vie, la République et ses corollaires, la liberté de l’esprit et la démocratie, sont sans doute nos biens les plus précieux. Vous en êtes les premiers fondements. Par ces quelques mots, je veux dire tout mon soutien aux enseignants que vous êtes et qui avez la charge d’instruire les enfants de France. En partageant cet hommage à Samuel Paty, j’ai une pensée émue pour chacun d’entre vous, en particulier pour les professeurs du collège de Prauthoy où, jeune étudiant en droit, j’enseignai, jadis, l’instruction civique, et celles et ceux du collège et lycée Diderot où Madame et Messieurs Baillet, Pelissier Charlot, Santori et Jouvet, professeurs d’histoire et de philosophie, contribuèrent à faire de moi ce que je suis devenu et à qui je demeurerai, comme Jaurès et Camus, profondément reconnaissant, même si certains pensent que leurs efforts ne furent pas couronnés du même succès ! Je vous souhaite à toutes et tous une excellente réussite dans votre métier et tout le courage nécessaire à la poursuite sereine et déterminée de votre mission. »