Confinement revisité – L’édito de Patrice Chabanet
Le ton était grave de bout en bout de son intervention. Emmanuel Macron ne pouvait pas s’enfermer dans des postures, mais aller à l’essentiel. La crise sanitaire galope et appelle des mesures en temps réel. Le chef de l’Etat a parlé de « sauvetage ». Tout est dans le mot. A dire vrai, il n’avait pas le choix car l’exécutif ne peut plus se permettre de courir après l’évolution d’un mal vicieux. Il s’agit d’ériger un barrage. Va donc pour un confinement, avec une version revisitée par rapport à celui du printemps dernier. Des leçons ont été tirées. Des assouplissements seront apportés : pendant les semaines à venir, et à partir de demain, les crèches, les écoles et les lycées resteront ouverts, le BTP et l’industrie pourront poursuivre leur activité, les visites dans les Ehpad seront maintenues. L’objectif affiché est clair : lutter contre la pandémie sans briser les reins de l’économie. Cela dit, les cafés, restaurants et commerces dits non essentiels sont repartis pour la diète amère de la fermeture de leurs établissements. Une petite ouverture : le dispositif pourrait être revu à la baisse d’ici à quinze jours si la situation devait s’améliorer.
Cela dit, beaucoup dépendra de l’acceptabilité de l’opinion publique. Emmanuel Macron en appelle à la solidarité des Français. Elle paraît acquise, mais demeurent de sérieux clusters de résistance quand on voit à une heure du couvre-feu des grappes de jeunes sans masques, défiant les règles de distanciation sociale.
Si l’urgence reste le maître-mot de l’intervention présidentielle, il n’en demeure pas moins vrai qu’il faut déjà parler de la sortie du confinement. Emmanuel Macron ne l’a pas vraiment évoqué. Or la deuxième vague de la pandémie a été provoquée, entre autres, par un relâchement brutal après le confinement. Faute de quoi, nous risquons de nous précipiter vers une troisième vague.