Terrorisme : premier face à face au procès Ghlam
Tenu sous haute sécurité, le procès de Sid Ahmed Ghlam s’est ouvert lundi 5 octobre 2020 salle Voltaire, au Palais de justice de Paris. Les proches d’Aurélie Châtelain ont fait face à un accusé encourant la réclusion criminelle à perpétuité.
Paris. Palais de justice. Un par un, les membres de la famille d’Aurélie Châtelain pénètrent en salle d’audience. Un père, une mère, une sœur, un parrain… Une sonnerie retentit. Regard sombre, cheveux courts, gilets gris, Sid Ahmed Ghlam pénètre sous bonne escorte dans le box sécurisé réservé aux accusés. Le Bragard fait face aux parties civiles. Les regards se croisent. Sid Ahmed Ghlam demeure tête haute. Notamment suspectés d’avoir fourni armes et véhicule au bragard, libres ou détenus, sept autres accusés sont présents. Visés par un mandat d’arrêt, suspectés d’être les commanditaires du projet d’attentat visant une église de Villejuif, Samir Nouad et Abdelnasser Benyoucef brillent quant à eux par leur absence. Où sont-ils ? Sont-ils tout bonnement encore en vie ?
Une sonnerie retentit. Présidant les débats, Xavière Simeoni ouvre l’audience. Salle Voltaire. Un symbole, tant l’écrivain aura dénoncé, sa vie durant, le fanatisme religieux. Voltaire a vécu en Haute-Marne. Sid Ahmed Ghlam aussi. Un fossé sépare les deux hommes. Place au cœur du dossier. La présidente Simeoni donne lecture d’une interminable liste de témoins et experts. Plus de 50 personnes sont appelées à intervenir. La sœur de Sid Ahmed Ghlam est présente. Ses parents seront absents. « Ma mère est malade, elle ne pourra pas se présenter. Mon père non plus, il habite en Algérie. » Sid Ahmed Ghlam n’est pas seul. Maîtres Christian Benoit et Gilles-Jean Portejoie interviennent au soutien d’un homme aujourd’hui âgé de 29 ans.
Traces de sang et gyrophare
Place à un monologue de près de trois heures, un rappel des faits, parfois difficilement audible, Xavière Simeoni étant contrainte, Covid-19 oblige, de respecter le port du masque. Les parties civiles se seront rapidement replongées au cœur de la sordide journée du 19 avril 2015.
Il est 8 h 50. Sid Ahmed Ghlam vient d’alerter le Samu. Un équipage de police se présente à 9 h devant la résidence universitaire où vit l’étudiant, blessé par balle à la cuisse gauche. Des traces de sang mènent les policiers vers une Renault Mégane. La présence d’un gyrophare bleu à l’arrière du véhicule attire l’attention des fonctionnaires. Et puis… Sid Ahmed Ghlam est fiché. Un véritable arsenal sera découvert dans sa voiture et à son domicile (lire ci-dessous).
Les policiers font rapidement un rapprochement avec une autre procédure. A 8 h 20, à Villejuif, le corps d’une jeune femme a été découvert sur le siège passager d’un monospace. Touchée par une balle tirée à l’aide d’un pistolet semi-automatique de calibre 9 mm retrouvé dans la voiture de Sid Ahmed Ghlam, Aurélie Châtelain n’est plus. Une fille de 4 ans vient de perdre sa mère. Sid Ahmed Ghlam reconnaîtra avoir croisé la route de la victime, avoir pris part à un projet terroriste visant une église de Villejuif tout en réfutant être à l’origine de la mort de la victime.
Décédé le 13 novembre 2015, à Paris, dans le cadre de la tuerie du Bataclan, Samy Animour est désigné par Sid Ahmed Ghlam comme l’auteur du tir mortel. Un tir « accidentel ». Samy Animour voulait se contenter de dérober la voiture d’Aurélie Châtelain… Une position intenable aux yeux des parties civiles. « L’expertise balistique, l’expertise génétique, les caméras, tout prouve que M. Ghlam est l’auteur de ce tir, hormis ses dires, il n’y a rien ! Samy Animour était en Syrie le jour où Aurélie Châtelain a été tuée, nous le démonterons ! » Me Antoine Casubolo Ferro en est certain. Sid Ahmed Ghlam a tué Aurélie Châtelain.
T. Bo.
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