Aider les aidants – L’édito de Christophe Bonnefoy
On les appelle les invisibles. Ceux qu’on ne voit pas. Ou qu’on préfère ne pas voir. Parce que ça coûte. Ceux dont on n’imaginait pas forcément le rôle, pourtant essentiel. Les invisibles. Les aidants. Ceux sans qui la vie d’un proche âgé, et/ou malade, et/ou handicapé ne serait pas du tout la même. Et deviendrait, pour certains, insupportable.
Mais après tout, quoi de plus normal pour un fils qu’aider ses parents ? Quoi de plus naturel, pour des parents, qu’être aux côtés de leur enfant touché par le handicap, quel qu’il soit ? Ça ne se monnaie pas. Ça ne se récompense pas. C’est dans la logique des choses.
Reste que concilier le rôle d’aidant et une vie professionnelle se heurte souvent, tout simplement, à la réalité du quotidien. A une incompatibilité de temps, entre son entreprise et la présence nécessaire auprès de celui qui en a besoin. Et s’accompagne, c’est humain, d’une usure qui ne sert ni l’aidant, ni celui qu’il aide.
Depuis hier, ces aidants familiaux peuvent ainsi bénéficier d’un congé de trois mois – fractionnable et extensible jusqu’à un an sur toute une carrière -, indemnisé à hauteur d’une cinquantaine d’euros par jour. C’est un bon signal, mais c’est aussi très court. C’est encourageant, mais largement insuffisant. C’est un premier pas, mais uniquement un point de départ. Celui d’un long, très long chemin. Comment par exemple considérer que 90 jours, et même un an, sont assez, lorsqu’on accompagne un proche sur une longue maladie ou que son handicap, qui lui ne disparaîtra jamais, oblige à être à ses côtés en permanence ?
Un petit pas. Qui s’ajoute à tous ceux nécessaires en matière d’inclusion scolaire, d’accompagnement des aînés ou d’insertion professionnelle des personnes handicapées. Entre autres.