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Sans état d’âme – L’édito de Patrice Chabanet

Bridgestone n’a pas fait dans la dentelle. Le leader mondial du pneumatique a annoncé la fermeture complète de son site de production de Béthune. 863 suppressions d’emplois, sans compter les emplois indirects (les fournisseurs en particulier). Protestation unanime des syndicats, des élus de tous bords et du gouvernement. Xavier Bertrand parle sans détour d’assassinat. Tous reprochent au groupe japonais de les avoir endormis quand ils voulaient avoir des informations sur l’avenir de l’usine. Version nippone du « dormez braves gens ». Or il est clair que la fermeture d’un site ne se décide pas en quelques jours. C’est une décision stratégique élaborée au niveau du groupe, les managers locaux se transformant ipso facto en « nettoyeurs », parfois promus après le sale boulot. Pas d’état d’âme.

Malgré la levée de boucliers, Bridgestone ne reviendra pas sur sa décision. Il fera quelques concessions sur les primes de licenciement et accompagnera les salariés qui veulent créer leur entreprise. L’Etat, pour sa part, n’aura que ses yeux pour pleurer. Bridgestone a bénéficié du CICE, destiné, entre autres à favoriser les investissements et l’innovation. Résultat : fermeture de Béthune. Bref, la mobilisation des syndicats et des forces politiques, légitime après pareil coup de poignard dans le dos, débouchera sur un rituel qu’on connaît bien lorsqu’un groupe étranger choisit de ne plus produire en France.

La réponse peut venir du terrain commercial. Il revient à l’Etat d’exclure Bridgestone des marchés publics. Les constructeurs d’automobiles français pourraient ne plus équiper leurs modèles de pneus nippons. On appelle cela la solidarité. Un gros mot dans la liturgie du capitalisme international. Mais faute de rétorsion, il ne faudra pas s’étonner de la vague montante du souverainisme pur et dur.

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