Perdus – L’édito de Christophe Bonnefoy
Prétendant à l’Elysée. Candidat au panthéon des humoristes. Et Gilet jaune par opportunisme ? Ou franche mégalomanie ? Jean-Marie Bigard semble s’égarer. Justement, on dirait bien qu’il est venu se perdre hier dans la manifestation parisienne des Gilets jaunes. Pas à sa place, en fait. Au point de s’en faire éjecter manu militari. Vite fait, bien fait, sans autre forme de procès. Et sans rire.
Les Gilets du jour, dans la capitale, n’étaient pourtant pas nombreux. Quelques milliers, à peine. Mais les critiques de Bigard à l’encontre de Jérôme Rodrigues – à juste titre pour le coup – n’ont sans doute pas plu aux irréductibles. Rappelons que l’ex-figure de la contestation avait assimilé les policiers à une bande de nazis. Et là, rien à voir avec de l’humour. Tout au plus un très mauvais sketch de la part de celui qui ne se souvient visiblement plus des revendications premières ; celles qui avaient fait naître le mouvement en 2018. Mois après mois, en fait, les Gilets jaunes ont vu leurs leaders perdre quelque peu le fil. Et au final tout mélanger.
Le discours de fond était pourtant entendable. Souvenez-vous, le prix du carburant, d’abord… Mais les événements, au fil du temps, n’ont pas joué en faveur des contestataires. La casse, dans la capitale ou ailleurs. Puis la crise sanitaire, qui a de facto renvoyé les Gilets jaunes à la maison.
« Le mouvement est mort, je le dis clairement », s’exclamait ainsi ce samedi un manifestant. Paradoxal pourtant, dans une société qui s’est rarement sentie aussi fiévreuse. Encore plus, peut-être, qu’à la naissance de ce mouvement teinté de jaune. Tellement bizarre, cette année 2020…