Une vague montante – L’édito de Patrice Chabanet
Difficile de prévoir comment l’affaire biélorusse va se dénouer. Le chef de l’Etat, Alexandre Loukachenko, s’accroche à son fauteuil sans pouvoir dissimuler des craquements certains. De son côté, l’opposition menée par Svetlana Tikhanovska maintient la pression : les manifestations contre le régime rassemblent un nombre croissant d’opposants et les grèves s’étendent dans toute la Biélorussie, y compris dans les médias d’Etat… C’est dire l’ampleur de la contestation. L’histoire récente regorge de révoltes du pays réel contre un pouvoir dictatorial. Parfois, la dictature s’effondre face à la poussée populaire. C’est le cas de la Roumanie avec la chute sans gloire de Ceaucescu. Plus fréquemment, l’opposition pousse ses pions et affaiblit l’adversaire sans pouvoir le déloger. Une guerre d’usure qui…use plutôt les contestataires que les autorités en place. L’exemple nous vient d’Algérie. A force de manifester, les Algériens, notamment les jeunes, ont pu obtenir la mise à l’écart des gouvernants les plus corrompus, mais au bout du bout, c’est l’armée qui tient le pays. Les journalistes les plus contestataires sont à nouveau envoyés en prison.
En dépit d’un soutien populaire qui lui fait défaut, et malgré un résultat électoral visiblement truqué, Alexandre Loukachenko n’a pas l’intention de s’effacer. Pour le moment, il a encore le soutien de Moscou. Poutine n’oublie pas pour autant que, pendant la campagne électorale, le leader biélorusse s’en était pris à la Russie accusée d’ingérence. En clair, c’est le rôle du Kremlin qui sera déterminant dans les jours à venir. Il peut inciter – ou forcer – Loukachenko à lâcher du lest pour éviter un embrasement général. Il peut aussi favoriser l’arrivée d’un homme neuf pour tenter d’apaiser le pays. Pour le moment on n’en voit aucun. Le propre des dictateurs est de barrer la route à tout concurrent potentiel.