Chiens : «Il y a un vrai besoin de formation»
Lorsque l’on évoque les problèmes d’agressions par des chiens, on pense plutôt à ces faits divers touchant les humains et qui reviennent (trop) régulièrement remplir les colonnes de nos journaux. Mais on sait moins que les chiens sont aussi victimes de ces agressions par un de leurs congénères.
Des cas d’attaques parfois mortelles et souvent graves, aux séquelles physiques et psychologiques immenses, sont relayés par les réseaux sociaux.
Les groupes de passionnés n’hésitent pas à parler de ces terrifiantes rencontres qui font basculer la vie de leur animal. Permettant ainsi de sensibiliser les autres propriétaires.
Elles surviennent parfois dans la vie quotidienne, parfois dans des clubs où l’incompétence de certains éducateurs mène à de véritables drames. Bien que nous ne soyons pas concernés en Haute-Marne au niveau des clubs, rien ne nous permet de dire que nous ne serions pas face à cette situation dans la vie de tous les jours. Ici ou ailleurs.
C’est pour cette raison que nous souhaitions remettre en ligne cet article de Boris Toulayrou datant de mars 2009. Cette interview de Claudine Bestautte, comportementaliste – éducateur canin à Louvières, faisait suite à l’attaque d’une Chaumontaise par un rottweiller. Elle nous permet d’évoquer la question du chien agressif.
Le Journal de la Haute-Marne : Pour quelle(s) raison(s) un chien peut-il devenir dangereux ?
Claudine Bestautte : Je considère qu’un chien est dangereux lorsqu’on n’a plus la possibilité de prévoir l’attaque. Quand un chien grogne, il exprime un malaise, il communique et tant qu’il peut communiquer, la personne qui est en face a encore la possibilité d’agir. Pour un chien qui va se montrer agressif – je préfère utiliser ce terme – il peut y avoir des tas de cas différents. Cela peut être un chien malade qui en a marre qu’on l’embête, un chien endormi que l’on surprend ou un chien maltraité qui commence à saturer. On a aussi le chien qui n’a pas suffisamment été en contact avec sa mère et qui n’a pas appris à maîtriser la pression de sa mâchoire, ce qui se fait durant les sept premières semaines de la vie du chiot. Il y a aussi le chien qui va être dressé à l’attaque (souvent de façon illégale) : on va lui apprendre à mordre et pas à arrêter.
JHM : Comment réagir face à un chien dangereux ?
C. B. : La première des choses est de garder son calme, si possible ! Ne pas faire de gestes brusques. Il faut baisser le regard, ne surtout pas regarder le chien dans les yeux, sinon on lui lance un défi. Il faut incliner un petit peu la tête et la tourner légèrement. On peut aussi faire semblant de bailler. Ce sont des signaux d’apaisement qui veulent dire : “Je ne veux pas entrer en conflit avec toi”. Ensuite, il faut reculer le plus lentement possible. Surtout, ne jamais avancer vers le chien.
JHM : Peut-on rééduquer un chien agressif ?
C. B. : Tout dépend des conditions de cette agressivité. Selon le cas, on ne va pas corriger les choses de la même manière et parfois, on ne va pas pouvoir corriger du tout. En premier lieu, il faut prévoir une visite chez le vétérinaire pour voir s’il n’y a pas des troubles d’ordre physique, médical ou autres. Puis, il faut se tourner vers un spécialiste du comportement canin et de la relation entre le chien et l’homme. Là, on aide le propriétaire à comprendre l’animal de façon à établir ou réétablir de bonnes relations entre eux. Il y a ensuite l’intervention de l’éducateur canin qui permet de reprendre les bases de l’éducation et de remettre tout ça en ordre. Il y a tellement d’idées reçues sur l’éducation des chiens que, parfois, on va au clash, même si les gens sont de bonne foi. Quand on est propriétaire d’un chien, il y a un vrai besoin de formation. Aujourd’hui, on a des méthodes positives, nous ne sommes plus dans la contrainte, ce qui est très important. Les chiens deviennent acteurs de leur propre éducation.
Propos recueillis par B. T.