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Heures de vérité – L’édito de Christophe Bonnefoy

C’est souvent la même mécanique. Un pouvoir, lorsqu’il est fortement contesté, finit par lâcher prise. Ou il entend raison et s’efface de lui-même, ou il ne veut rien savoir et se voit tout bonnement chassé. Un jour ou l’autre, la corde cède.

Au Liban, des décennies de corruption ont poussé à bout un peuple qui a tout connu : la guerre puis la paix retrouvée ; une économie florissante puis la quasi-misère. Le drame du port de Beyrouth est la catastrophe de trop. Celle qui est en train de sonner le glas de la classe politique en place. La contestation de 2019 n’y avait pas réussi. La colère qui s’est exprimée, hier, dans les rues de la capitale, n’était pas loin de faire vaciller le pouvoir. Les mots étaient clairs dans la bouche des manifestants ou sur les banderoles : « Le jour du jugement » ; « Nous n’avons plus rien à perdre ». Les potences installées sur la place des Martyrs ne laissaient, elles, guère de doute sur la détermination des Libanais.

Les places fortes du pouvoir – des ministères principalement – étaient une à une envahies par les manifestants. Acculé, le Premier ministre annonçait ainsi en fin d’après-midi vouloir proposer très vite des élections anticipées. Manœuvre insidieuse destinée à temporiser ? Ou même à donner en désespoir de cause quelques gages à une communauté internationale qui pousse le pouvoir corrompu à jeter l’éponge ? Le message venant de l’étranger est pourtant limpide, si on sait lire entre les lignes : « La corruption est telle que nous n’aiderons le pays que s’il est débarrassé de ceux qui l’ont plongé dans le chaos. » Justement, c’est aujourd’hui que doit se tenir une conférence des donateurs co-organisée par l’ONU et la France.

Hier soir, comme on dit, la situation était explosive. Et confuse. En quelques heures, le temps semble s’être accéléré. Jusqu’à ne plus pouvoir être arrêté…

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