L’autre virus – L’édito de Patrice Chabanet
L’Amérique renoue avec ses vieux démons, ceux du racisme ambiant. Il aura suffi de la mort en direct d’un Noir, George Floyd, pour s’en convaincre une nouvelle fois. L’homme a été littéralement étouffé à terre par un policier. En quelques heures, la ville de Minneapolis est devenue l’épicentre d’une contestation forte. Elle montre qu’en dépit d’une amélioration sur le plan légal beaucoup reste à faire pour éradiquer le virus de la ségrégation. A tous les étages de la société américaine, mieux vaut avoir la peau blanche que noire. Cela vaut pour l’emploi, pour le logement, pour la promotion sociale et pour les relations avec la police.
Des progrès ont été réalisés, c’est indéniable. Mais on est loin d’une véritable égalité entre les différentes ethnies. Le melting-pot dont se targuent les Etats-Unis reste plus un idéal que la réalité quotidienne. L’embrasement de certaines grandes métropoles, à la suite de la mort de George Floyd, montre que la braise est bien là, sous la cendre. Elle fait apparaître aussi, notamment chez les jeunes, le soutien d’une partie des Blancs en faveur des Noirs.
Une
fois de plus, l’attitude de Trump laisse perplexe. D’un côté il
s’entretient avec la famille du jeune Noir. De l’autre, il encourage
l’usage de la force pour réprimer les manifestations. Sans doute
compte-t-il sur son électorat horrifié par les scènes de pillage
pour se refaire une santé après le désastre économique provoqué
par le coronavirus.
Ainsi va l’Amérique, écartelée par un passé
chargé de tragédies et par une volonté farouche d’aller de
l’avant. Au moment où le racisme éclate en plein jour et en pleine
figure de la société, les Etats-Unis repartent à la conquête
spatiale. Une façon de faire renaître le grand rêve américain.
Mais cela n’effacera pas les maux qui rongent le pays depuis sa
naissance.