Tant de pages… – L’édito de Christophe Bonnefoy
Tant de pages tournées… Tant de livres refermés définitivement depuis quelques semaines, quelques mois. Sale temps pour le monde de la culture. D’abord parce qu’il voit partir des références. Parfois mal connues des plus jeunes, sans doute. En bonne place dans la grande encyclopédie de ceux qui ont fait la chanson, le cinéma, la littérature, pourtant.
Christophe. Michel Piccoli. Et hier Jean-Loup Dabadie. Le nom de Dabadie revenait régulièrement. Comme inscrit naturellement dans le paysage culturel. Et pour cause. Académicien, parolier pour Barbara, Julien Clerc, Serge Reggiani ou encore Michel Sardou, excusez du peu…, scénariste, romancier… il avait tous ces talents qui font entrer l’art dans la sphère populaire.
Sale temps pour la culture. Aussi parce que
parallèlement à ces départs définitifs qui laisseront l’art orphelin, le monde
du divertissement au sens large est aujourd’hui à l’arrêt. La pandémie de
Covid-19 laissera, dans ce domaine également, des milliers de personnes à
l’écart. Intermittents ou pas. Grosses structures ou pas. Le choc a été
terrible. D’un univers bouillonnant, on est passé subitement à une mer d’huile.
Plus de concerts. Ni dans les bars, ni dans les Zenith. Plus de festivals.
Qu’ils soient à taille humaine ou pharaoniques.
Tout ne sera peut-être pas à reconstruire, mais sûrement à repenser autrement.
Au moins dans un premier temps. Nuages à l’horizon. Ils sont d’ailleurs déjà
là.
Les drapeaux sont en berne. Mais arrivera forcément un moment où ils flotteront
à nouveau. La culture, pour le coup, n’est pas une notion abstraite et réservée
aux intellectuels. Elle fait partie de notre vie de tous les jours. On attend
qu’elle lui (re)donne des couleurs.