Appel d’air – L’édito de Patrice Chabanet
Quand l’ordinaire devient extraordinaire. Après huit semaines de confinement, les Français ont pu reprendre leurs habitudes ou presque : pouvoir sortir, humer l’air du printemps, se libérer des contraines de l’enfermement. Jamais, même pendant la dernière guerre, cette assignation à résidence collective n’avait été imposée. Certes, les contextes sont différents, mais le ressenti est là. Les Français ont compris le bien-fondé de mesures sanitaires sévères, mais dans la balance bénéfices /risques le poids du confinement devenait pesant. Hier, ils l’ont manifesté en inspirant avec délectation l’oxygène de la campagne ou des bords de mer.
Il faudra attendre quelques jours – le temps de l’incubation – pour savoir si la pandémie ne s’est pas infiltrée dans les cohortes de promeneurs. Les pronostics varient selon les spécialistes. Certains craignent une contre-offensive du coronavirus. D’autres, plus optimistes, estiment que l’on verra seulement l’apparition de petits foyers faciles à circonscrire.
Le respect des gestes barrières, constaté par les observateurs, est de bon augure. Il accompagne la tendance à la baisse des chiffres d’hospitalisation et des admissions en réanimation. Dans des pays comme l’Italie, l’Allemagne, l’Autriche et la Slovénie le retour à la normale est acté. La prise de risques est évidente, mais la volonté de tourner la page est plus forte. Il ne faut pas oublier que la pandémie génère un choc psychologique dont on n’a pas fini de mesurer l’ampleur. Le confinement laissera des traces dans les têtes, et pas seulement chez ceux qui ont été infectés.
Les balades à pied et à vélo ont une autre vertu : faire prendre conscience que la nature constitue une merveilleuse thérapie de groupe. Avec cette pandémie, les citoyens la voient d’un autre œil. Elle n’est pas un exutoire pour soigner les maux de notre société. Elle est essentielle pour notre survie. La protéger est une priorité.