LA RÉFÉRENCE À 1945
Par Patrice Chabanet
La lutte contre le Covid-19 est la priorité des priorités. Sauver des vies ne souffre aucune objection. On le doit à tous les soignants qui se démènent parfois au risque de leur vie. Dans ces conditions, les conséquences sur notre économie – (« l’intendance » pour reprendre la célèbre formule de De Gaulle) peuvent paraître secondaires. Ce serait oublier que la crise économique est déjà là. Dans un premier temps la comparaison a été établie avec 2008. Mais comparaison n’est pas raison. Le séisme de 2008 a été provoqué par de graves dysfonctionnements du capitalisme financier dont l’impact a été surtout ressenti avec les cohortes de chômeurs. Bruno Le Maire, lui, préfère parler de « la pire récession depuis 1945 ». C’est ce que disent les chiffres qui ne peuvent pas tout dire. Tout dépendra de la longueur de la pandémie et de l’efficacité des armes thérapeutiques qui lui seront opposées. Pour le reste, notre ennemi n’a pas de visage, ni de bases arrière susceptibles d’être détruites, ni de responsables qu’on pourrait traduire devant un tribunal international. Et quand il sera vaincu, il sera impossible de lui réclamer des dommages de guerre. L’addition, on le sait déjà, sera lourde. Mais pas question d’augmenter les impôts, a assuré le ministre de l’Economie, ce qui reviendrait à infliger une double peine à la population. Le débat et les polémiques occuperont l’espace politique, car à un moment ou à un autre se posera la question du remboursement des prêts accordés aux entreprises et aux particuliers : un vaste emprunt d’Etat comme cela se pratiquait il y a quelques décennies ? Une augmentation des taux de TVA ? Un accord européen pour remettre aux calendes grecques le retour à la loi d’airain des 3 % ? Pour rester positif, on doit espérer que les décideurs dépasseront la crise actuelle pour imaginer un nouveau monde. Visiblement les vieilles recettes ont fait leur temps. Voir la première puissance du monde à genoux le prouve avec éclat.