En zigzag – L’édito de Patrice Chabanet
L’opinion publique ne peut qu’être perturbée par les changements de stratégie dans la guerre contre le Covid-19. Il y a quelques semaines, la priorité était donnée au lavage des mains, certains spécialistes mettant en doute l’efficacité des masques. Depuis deux jours, ces derniers sont présentés comme l’arme la plus adaptée contre la propagation du coronavirus. Il ne s’agit pas de mettre en cause le sérieux des spécialistes et des chercheurs. Eux-mêmes avouent que leurs connaissances progressent au fur à mesure de l’extension de la pandémie.
Pour les politiques, l’évolution de la pensée scientifique en zigzag, sur fond parfois de batailles de chapelle, n’aide pas à la prise de décision. Comment expliquer que ce qui était vrai il y a quelques jours est devenu caduque ? L’irruption du virus n’a rien à voir avec un événement qui s’inscrirait dans une logique prévisible, avec plusieurs hypothèses. La découverte de nouveaux traitements et la mise au point d’un vaccin font apparaître elles aussi, non point des divergences, mais des approches différentes. Plusieurs pistes s’ouvrent, notamment l’utilisation du plasma des patients guéris. On sent confusément que dans les semaines qui viennent cette émulation mondiale rendra espoir à l’humanité entière. Les procédures qui, en temps normal, prenaient plusieurs mois ou plusieurs années, sont raccourcies. L’ampleur de la pandémie implique en effet une prise de risques qu’on ne trouvera pas en temps normal pour une maladie connue. En attendant, la meilleure thérapie demeure le confinement mis à mal par la douceur printanière. Les pays qui étaient hostiles s’y sont ralliés. La France a sans doute perdu quelques jours – toujours trop – pour le décréter. Le confinement est notre première ligne de défense. Il faut qu’elle tienne à tout prix. Ceux qui ne veulent pas s’y plier tirent dans le dos des soignants totalement engagés dans le combat.