Aveu de faiblesse – L’édito de Christophe Bonnefoy
Tenter de se jouer du confinement pour glaner quelques jours de vacances est loin d’être une preuve de courage. C’est au contraire, quelque part, un aveu de faiblesse, voire l’affirmation d’une irresponsabilité qui peut s’avérer meurtrière. Ou de la pure bêtise, tout simplement.
Certes, on peut imaginer que ceux qui dénoncent les électrons libres du confinement ont les moyens de vivre l’enfermement de manière moins pesante. Avec vue sur jardin. Voire accès direct. Reste que si on peut comprendre l’envie, le besoin même, parfois, de braver les interdits, on doit aussi avoir en permanence à l’esprit que le moindre relâchement pourrait être fatal. Pour soi, pour les autres.
C’est peut-être précisément ce que l’on vit ces dernières heures. On nous annonce que le pic de la pandémie devrait en toute logique lentement laisser la place à une décrue du nombre de cas de Covid-19. Mais pour l’instant, nous n’en sommes qu’à un ralentissement de la hausse des admissions dans les services de réanimation. C’est totalement différent. L’inconscient collectif accueille cet espoir d’un mieux, presque comme une autorisation à relâcher la pression. A se dire qu’on peut, à nouveau, affronter un danger moins important. La fin du confinement avant l’heure. En outre, et on peut le comprendre même si le nombre de morts au quotidien est loin d’être anodin, on s’habitue à tout. Même au pire. Jusqu’à en minimiser la gravité tant qu’on n’a pas directement été touché. Jusqu’à se persuader qu’on est plus fort que le mal, après tout.
La situation est inédite, tout autant que grave. Le confinement, si désagréable soit-il, commence semble-t-il à produire ses effets. Penser qu’on a gagné la guerre avant d’avoir remporté toutes les batailles n’aurait qu’une conséquence, désastreuse : permettre à cet ennemi invisible de prolonger le cauchemar.