Y’a qu’à, faut qu’on – L’édito de Christophe Bonnefoy
On n’imagine pas un seul instant que le gouvernement ne soit pas sur le pont 24 heures sur 24 en cette période de pandémie. On peut même être certain qu’à aucun moment Emmanuel Macron, Edouard Philippe ou Olivier Véran ne prend à la légère une situation qui fait évidemment froid dans le dos. Le Premier ministre l’a d’ailleurs annoncé hier : « Les quinze premiers jours d’avril seront encore plus difficiles que les quinze jours qui viennent de s’écouler. » Traduction : le pic de l’épidémie est tout proche, début avril sera terrible. Inutile de se le cacher.
Pour autant, il est légitime de se poser une question, avec le maigre recul que l’on peut s’autoriser et sans alimenter outre-mesure la polémique : tout a-t-il été fait pour se préparer à affronter le plus efficacement possible le Covid-19 ? La réponse d’Edouard Philippe est à double tranchant, pour lui-même et son gouvernement. « Je ne laisserai personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision du confinement. » L’affirmer, c’est bien sûr expliquer, à juste titre, que par définition la réponse parfaite à une pandémie aussi violente et soudaine n’était pas écrite dans les grands livres du savoir. Mais c’est aussi fournir à ceux qui ne voient dans l’unité nationale qu’une formule, les arguments dont ils rêvaient. En substance : répondre aux critiques qu’on dit injustifiées, c’est déjà avouer qu’on a fauté.
Toujours est-il que l’heure n’est pas, ou ne devrait pas être, à ce qu’on a fait ou pas fait. Mais plutôt à ce qu’on fait, là, maintenant, pour sortir de ce cauchemar. Sur le problème des masques. Des tests. Des respirateurs. Des places à libérer dans les hôpitaux. Ensuite, seulement, des conclusions devront être tirées. En attendant, dans l’urgence, les “y’avait qu’à” ou “fallait qu’on” ont bien peu d’intérêt. Ils ne sauveront aucune vie.