Deux fers au feu – L’édito de Patrice Chabanet
En dehors de toute considération partisane, il faut admettre que la gestion d’un pays en crise tient de la gageure. Chaque jour apporte son lot d’éléments nouveaux, d’informations rafraîchies par l’expérience des autres, des Italiens en particulier. Quand la crise percute une échéance électorale, on s’attend à des bouleversements. Il y a eu d’abord celui du fort taux d’abstention. Mais les Français, du moins ceux qui ont voté, n’ont pas chamboulé le paysage politique. Ils ont souvent donné une prime au sortant, tant à droite qu’à gauche, tout en laissant une porte plus ouverte aux Verts et en « dégageant » LREM.
La vraie secousse politique, elle, se fera sentir ou non dès aujourd’hui. Faut-il annuler le second tour, alors que tous les spécialistes estiment que le coronavirus sera en pleine progression ? Le choix qui sera fait exposera forcément le chef de l’Etat. Les politiciens de tout poil vont s’en donner à cœur joie qui pour l’annulation du second tour, qui pour son maintien. Et que dire des spécialistes du droit constitutionnel pas toujours d’accord sur l’interprétation des textes ?
Ces deux fers au feu que sont la crise sanitaire et les municipales ne doivent pas nous faire oublier les mesures de confinement décidées samedi soir. Un coup de massue pour la bonne cause, mais mal vécue par des corporations entières. Jamais depuis la guerre la France ne s’est trouvée à l’arrêt. Certes les vannes financières s’ouvriront pour compenser les pertes financières et pour payer les salariés mis en chômage partiel. Mais là encore c’est le domaine de l’incertitude : les marchés financiers vont-ils plonger à nouveau, et pas seulement en France ? Tant que le Covid-19 suivra sa propre logique il polluera la vie économique et sociale, et perturbera notre fonctionnement démocratique. Les Français n’ont pas fini de tanguer dans le brouillard.