Premier partout – L’édito de Christophe Bonnefoy
Peut-on encore s’enthousiasmer par les temps qui courent, quand il est tentant de céder à la sinistrose ? On peut, bien sûr ! On doit, même. C’est salvateur.
Et plutôt que de lorgner vers les chiffres affolants de l’évolution du Covid-19, tournons plutôt le regard, quelques instants, vers le palmarès d’un petit Français, 1,85 m tout de même, qui aura marqué à jamais son sport : le biathlon. Avec Martin Fourcade, les comptes sont faciles à faire. Un seul chiffre, ou presque : le 1. Premier partout. Et sur la durée. Champion olympique. Champion du monde. Détenteur d’à peu près tout ce qui peut se faire en termes de records : seul biathlète à avoir réussi à quatre reprises le Grand Chelem. Sportif le plus “doré” de l’olympisme français, devant Jean-Claude Killy, excusez du peu. Champion du monde solo à onze reprises. Pour 83 victoires individuelles au total. Une montagne !
Plus encore que ces titres qui resteront gravés à jamais dans le grand livre du sport français, c’est, aussi, dans la douleur, que Martin Fourcade a été grand. Très grand. Il y a quelques mois encore, le champion semblait sur le déclin. Logique, presque, à 32 ans. Il est revenu. Irrésistible. C’est ça, aussi, qui aura fait la légende de Fourcade. Tout autant ses succès que sa capacité à se remettre en question et se relancer. Dernier signe du très grand champion qu’il restera : jamais il n’aura été pathétique, à l’image de ceux qui, même éteints, pensent à tort qu’ils peuvent encore briller. Martin Fourcade s’en va en pleine gloire. Il a remporté, hier encore, la poursuite de Kontiolahti.
Dans son village natal des Pyrénées-Orientales, il serait de bon ton de lui ériger une statue. Indéboulonnable, bien sûr.