Encore du travail – L’édito de Christophe Bonnefoy
On devrait s’offusquer qu’il existe – encore – une journée internationale des droits des femmes. Bien sûr pas parce que subitement, on aurait décidé que la femme n’est plus l’égale de l’homme. Mais tout simplement parce que dans nos sociétés dites civilisées, l’absence de différence devrait être une évidence. Et depuis longtemps.
Alors on pourra nous dire avec une bonne dose de mauvaise foi que les droits qu’on foule au pied, ce n’est pas ici. Pas chez nous. Mais ailleurs. Là où le temps se serait arrêté il y a plusieurs siècles déjà. Il suffit pourtant de sortir de son petit confort ou de mettre quelques instants de côté sa naïveté, sa lâcheté même, pour comprendre qu’il suffit parfois de traverser le palier de son immeuble pour toucher du doigt ces droits qu’on bafoue allègrement.
Evidemment, la preuve la plus flagrante de ces temps qui n’ont pas évolué est dans le chiffre des femmes tombées sous les coups de leur conjoint. La récente prise de conscience apparente n’a pas ôté le mot féminicide des dictionnaires. Certains continuent à tout naturellement ôter la vie de leur compagne.
Ces marques de l’extrême en cachent bien d’autres. Pas mortelles, certes, mais tout aussi sournoises. Ainsi en est-il de ces femmes violées qu’on a toujours du mal à entendre lorsqu’elles dénoncent. Ou de ces cloisons qui ne veulent pas tomber. Celle de l’égalité salariale par exemple. Indéniablement, il y a encore du travail. Le féminisme n’est pas que le combat des Femen ou autres activistes. Il est aussi celui de toutes les anonymes qui subissent au quotidien. Il devrait aussi être celui des hommes, soit dit en passant.