Deux visions – L’édito de Christophe Bonnefoy
Face à la gestion de l’épidémie de Covid-19, par le gouvernement et les autorités sanitaires, deux camps s’affrontent. Il y a ceux, à la limite du complotisme, qui pensent qu’on en fait trop. Voire, que parler exagérément du problème détourne l’attention. Exit, la réforme des retraites et l’épisode du 49.3. Exit, la déroute annoncée de La République en marche aux municipales. Exit, plus globalement, la grogne des Français, occupés qu’ils seraient à pester exclusivement contre le coronavirus. Les autres sont plus pragmatiques : ils se souviennent notamment de 2003, année d’une canicule meurtrière d’abord prise à la légère par les autorités, avec les effets dévastateurs que l’on connaît, politiquement, devant le nombre impressionnant de morts : presque 20 000.
On pourra répondre aux sceptiques par deux chiffres, parmi d’autres. Les plus de 200 morts des conséquences du virus en Italie sont loin d’être anecdotiques. Et en France, on a passé hier le cap des 900 personnes testées positives : 949 exactement, pour seize décès depuis le début de l’épidémie. Une multiplication des cas pas exponentielle, mais qui connaît indéniablement une forte accélération. On est loin, donc, d’une manipulation par l’exécutif. Au contraire. C’est, d’ailleurs, particulièrement vérifiable économiquement parlant. Nos entreprises subissent de plein fouet cette crise sanitaire devenue mondiale. Les faits sont là. Et pour le coup, personne n’en fait ici trop. Il suffit de savoir compter, pour s’en rendre compte. Ou tout simplement, d’imaginer ce que peuvent vivre restaurateurs et hôteliers.
Alors certes, tenter de freiner la propagation du virus nous touche dans notre quotidien. Nous handicape. Concrètement. Fermetures d’écoles. Annulations de spectacles. Evénéments, sportifs notamment, reportés. On en fait trop ? Peut-être. Mais mieux vaut en faire trop que compter les morts, en se disant a posteriori qu’on aurait pu les éviter.